Lors de cette quarante-sixième édition du «Festival d’automne à Paris», le programme consacré à la danse propose douze spectacles, et un portrait de Jérôme Bel offrant une vue d’ensemble de ses différentes créations.
«Festival d’automne à Paris» 2017 : de Performing Art à Bacchantes
Le programme danse du «Festival d’automne à Paris» 2017 s’ouvre avec la toute dernière pièce de Noé Soulier, Performing Art, au Centre Pompidou. Cette création entend convier le spectateur à porter un autre regard sur un ensemble d’œuvres d’art issues des collections du Centre Pompidou. Pour ce faire, Noé Soulier a écrit une chorégraphie dans laquelle ces dernières sont des interprétations des mouvements, et réciproquement.
Chorégraphe d’origine chinoise, Wen Hui présente Red au Théâtre des Abbesses. Red confronte sur scène points de vue et témoignages sur la Révolution chinoise, en utilisant un ballet emblématique de l’esthétique communiste, Le bataillon rouge des femmes. Red se veut une approche critique de cet événement historique essentiel où le corps est considéré comme un réceptacle de la mémoire individuelle et collective.
Boris Charmatz, quant à lui, propose Fous de danse, une initiative destinée à faire connaître à un large public les différentes formes prises par la danse de l’échauffement aux chorégraphies participatives, à la formation du duo, et à la présentation d’un spectacle. Par ailleurs, Boris Charmatz présente aussi au Théâtre National de Chaillot, 10000 gestes.
Après deux pièces consacrées à la sexualité et ses représentations, Mette Ingvartsen présente to come (extended), nouvelle version de to come, pièce initialement créée en 2005. to come (extended) rend compte de l’amplification des discours et des représentations de la sexualité au moyen, notamment, de l’utilisation d’Internet. Comment, se demande Mette Ingvartsen, interpréter ces derniers ?
D’abord présentée lors du dernier Festival d’Avignon, la pièce de Dorothée Munyaneza, Unwanted, conduit à s’interroger sur la pratique systématique du viol au cours du conflit entre Hutus et Toutsis qui a déchiré son pays d’origine, le Rwanda. Danse, textes et chants se répondent pour faire entendre les voix de ces femmes victimes du viol conçu comme un moyen de conquête politique et militaire.
Au Théâtre de Gennevilliers, Marcelo Evelin présente Dança Doente. Pour cette pièce, Marcelo Evelin a emprunté repésentations et écrits au créateur de la danse butô Hijikata Tatsumi. Dança Doente met alors en scène le spectacle de la mort.
Le chorégraphe belge Jan Martens propose au Théâtre de la Ville The Rule of Three, un trio dans lequel la musique est au fondement de celui-ci. Danse et musique se combinent pour laisser apparaître la réalité de l’actualité.
Maguy Marin présent pour sa part une création pour dix danseurs à la portée éminemment politique puisque cette dernière se livre à une critique du néolibéralisme, de ses injonctions consuméristes et hédonistes, qui ne font que masquer la vacuité des existences individuelles.
A Nanterre, au Théâtre des Amandiers, Gisèle Vienne présente Crowd, une pièce pour quinze danseurs. Crowd poursuit l’investigation, déjà entreprise dans Showroomdummies, des oppositions constituant tout individu, notamment notre besoin de violence. Comment à l’occasion d’une fête, une communauté donnée, «peut gérer (ou non) l’expression de la violence» ?
Chorégraphe et interprète originaire de Côte d’Ivoire, Nadia Beugré présente Tapis rouge à l’atelier de Paris-Carolyn Carlson. Dans Tapis rouge, Nadia Beugré se demande simplement ce que peut recouvrir ce tapis honorant symboliquement les plus puissants, en Afrique ou ailleurs.
Avec Bacchantes, prélude pour une purge, Marlène Monteiro Freitas s’inspire de la pièce de théâtre d’Euripide pour souligner le déchirement entre raison et folie de tout être humain.
«Festival d’automne à Paris» 2017 : portrait de Jérôme Bel
Selon une tradition désormais établie, le «Festival d’automne à Paris» 2017 consacre un portrait au chorégraphe Jérôme Bel dont la participation au festival date de 2004.
Lors de l’édition 2017, Jérôme Bel présente huit pièces significatives de son travail consistant en une remise en cause systématique des codes de la scène et du spectacle. Gala sera suivie de Disabled Theater, Cédric Andrieux, Véronique Doisneaux, Pichet Klunchun and myself, The show must go on, Un spectacle en moins. La projection de Véronique Doisneaux complète cette programmation.
Par ailleurs, Jérôme Bel propose une création en collaboration avec le Ballet de l’Opéra de Lyon.