Sylvain Prunenec, Mathieu Riboulet, Sylvain Groud, Maylis de Kérangal, Annie Vigier, Franck Apertet (les gens d’Uterpan), Laura de Nercy, Emmanuelle Pagano, Clara Cornil, Mylène Lauzon, Maria Donata d’Urso, Sophie Loizeau, Daniel Dobbels, Nicole Caligaris…
Festival Concordanses 2010
Qu’est-ce que créer aujourd’hui? Quelle est la nécessité de l’acte artistique?
À travers ces interrogations, il est proposé à un chorégraphe de se positionner face à son œuvre, d’essayer de définir ce qui génère chez lui ce besoin de concevoir une création. Pour l’aider à s’interroger sur sa démarche de créateur, il est accompagné par un écrivain, afin de mener une réflexion conjointe sur ces questionnements.
De cette plongée dans l’intimité créative du chorégraphe, l’écrivain dévoile ce qu’il a surpris, compris de ce cheminement comme un prolongement original à sa propre création. Le propos de ces rencontres inédites est de découvrir sur un même espace et en parallèle, la pièce du chorégraphe et l’expression de l’écrivain sur cet acte artistique. (Jean François Munnier, Directeur du festival)
Programme
Avant-premières en entrée libre
— 23 mars: Sylvain Groud et Maylis de Kerangal, Le Comptoir des mots, Paris
—31 mars: Laura de Nercy et Emmanuelle Pagano, Librairie Bonnes nouvelles, Grenoble
— 1er avril: Laura de Nercy et Emmanuelle Pagano, Le Pacifique, Centre de développement chorégraphique
— 2 avril: Sylvain Prunenec et Mathieu Riboulet, Librairie L’Atelier
— 6 avril: Sylvain Groud, Maylis de Kerangal et Valérie Rivière, Timothée de Fombelle, soirée d’ouverture du festival L’Escale du livre de Bordeaux, Le Cuvier, Centre de développement chorégraphique d’Aquitaine, Artigues-près-Bordeaux
— 14 avril: Laura de Nercy et Emmanuelle Pagano, L’Atout Livre, Paris
Rencontre en entrée libre sur réservation: « la Danse et L’Ecriture »
— 18 mars, rencontre avec Sylvain Prunenec, Mathieu Riboulet et Nicole Caligaris, Animée par Jean-Marc Adolphe, Espace Khiasma1, Les Lilas
Spectacles
— 7-8 avril, 20h, Clara Cornil, Mylène Lauzon, Home, Mains d’oeuvres, Saint-Ouen
Une proposition pour deux voix et deux corps. Comment je m’habite? J’écoute ce qui m’anime : les flux de paroles, les soubresauts de langage, les ralentis et accélérés de pensées, les vibrations du corps, les états de silence… Cela touche l’intime, la voix, l’acheminement de la parole, le corps, la présence. Cela participe à la construction de l’individu, à l’incorporation de ses expériences, à l’aptitude ou pas à entrer et être dans sa vie.
«Pour une première partie, nous souhaitons matérialiser de façon distincte la voix et le corps. Non dans une volonté de les séparer, mais plutôt pour leur donner pleinement place et les assembler différemment, pour faire entendre la voix et faire voir le corps dans des agencements autres. La voix de chacune des interprètes sera diffusée par un haut-parleur. La voix sera alors hors du corps et néanmoins issue du corps de chacune. Elle sera partenaire du corps et vice versa. Le corps sera également impliqué physiquement avec les haut-parleurs et câbles. Cette partie traitera du « chez moi » en tant qu’intériorité, espace de paroles, de pensées, d’imaginaires dont les logiques d’énonciations dépendent du lieu où le corps se trouve.»
— 9-10 avril, 20h30, Annie Vigier et Franck Apertet (les gens d’Uterpan), Programmes, L’Echangeur, Bagnolet
Dans la danse en particulier le texte écrit a une place ambiguë. Souvent prétexte, il décrit ce que le chorégraphe cherche à illustrer, à dire ou à transmettre. Certains le lisent d’autres pas, en tout cas il est le lien avec un travail qui lui est d’une nature autre. Le chorégraphe n’est pas toujours l’auteur de ce préambule, un programmateur, un journaliste, un autre artiste peut l’être. En acceptant cette étape de communication, d’annonce et de publicité de son spectacle, le chorégraphe constitue deux dimensions à son œuvre. 
Le travail d’Annie Vigier et Franck Apertet (les gens d’Uterpan) interroge les normes qui régissent la danse et le spectacle vivant. Son action porte sur une prospection des limites du corps et de la représentation. Cette démarche conditionne de nouvelles réflexions concernant les modalités d’apparition, de production et de lecture de la danse en questionnant les places qu’occupent le spectateur et le chorégraphe dans ces processus.
— 13-14 avril, Sylvain Groud, Maylis de Kérangal, Je suis descendu du plateau, Le Colombier, Bagnolet
Il s’agit d’une rencontre. Celle de Maylis de Kerangal qui découvre le langage chorégraphique de Sylvain Groud et qui souhaite confronter ces images à son écriture lors d’une lecture à Manosque. Sylvain Groud dévore le roman Corniche Kennedy de Maylis et reste marqué par la description chorégraphique de ses personnages. 
Il s’agit d’un homme qui danse. Il s’agit d’un corps qui manifeste. Il s’agit d’un homme qui investit la scène et s’en affranchit pour occuper d’autres territoires, pour danser à l’air libre, dans la lumière, et toujours sous les regards des autres. Il est question de l’intériorité d’un homme qui s’extériorise.
« Descendre du plateau » est une notion fédératrice de ce projet. 
Comment l’écriture peut-elle faire acte de la présence de ce danseur, dans un temps donné, dans un espace donné? Quel langage pour quel corps?
— 13-14 avril, Mathieu Riboulet, Sylvain Prunenec, Jetés dehors, (à la suite de Sylvain Groud et Maylis de Kérangal), Le Colombier, Bagnolet
On passe sa vie dehors, par contrainte plus souvent que par choix. 
Au commencement est l’expulsion, et le souffle éperdu après lequel on court, l’espace de quelques secondes, dans un silence assourdissant.
 Après quoi l’on est jeté dans des cours, bien mal nommées de récréation, où l’on est hors d’haleine parce que les choses y sont diverses, imprévues, dangereuses sans doute, un peu cruelles.
 On se prend les pieds dans les tapis que les fantômes nous tissent longtemps avant d’être capables de les identifier et de composer avec les traces diaphanes, éphémères qu’ils nous laissent.
 Si l’on n’est pas tombé la tête la première, ou si l’on s’est relevé, c’est pour mieux prendre l’élan et… rouler dans la poussière des arènes, laisser nos corps dans le tapis et rejoindre les fantômes dans les cintres des scènes, être hors de nous, enfin, sans l’entremise de la colère. Car nous n’avons de souffle que pour nous essouffler.
— 16-17 avril, 20h30, Daniel Dobbels, Nicole Caligaris, Une rencontre informelle, Le Colombier, Bagnolet
Entre Nicole Caligaris et Daniel Dobbels, accompagnés d’Aurélie Berland, l’enjeu pourrait se formuler alors ainsi: inventer les conditions d’une rencontre informelle, entendant par là la plus secrète des exigences : que cette invention n’induise aucune prise d’otage, c’est-à -dire qu’elle ouvre sur une liberté inaliénable.
(…) Qu’est-ce que je regarde?
 Le corps est un volume, dans cet espace. Un volume animé. Un volume vivant.
Suis-je à l’intérieur? suis-je à l’extérieur?
 À l’intérieur par l’esprit, à l’extérieur par le corps? 
Je suis à l’intérieur et à distance, en train de regarder, sans doute, mais aussi de respirer, de palpiter, d’avaler ma salive peut-être, de battre des paupières, de percevoir et le mouvement, et la métamorphose de l’espace avec mon corps.
Je suis à l’intérieur par un corps imaginaire que je projette dans celui de la danseuse qui devient comme le mien. (à suivre…)
— 16-17 avril, Laura de Nercy, Emmanuelle Pagano (à la suite de Daniel Dobbels et Nicole Caligaris), Le Colombier, Bagnolet
«Au sein du processus de création de «Toucher terre», pièce en solo, dernière étape d’une recherche sur la question du féminin et de l’intime, je choisis de rencontrer Emmanuelle Pagano, écrivain, après lecture de deux de ses romans que je reçois de manière très physique. Le corps est au centre de son propos, un corps subi, pesant, un corps en transformation et c’est ce qui me touche.» 
Laura de Nercy
«C’est sans doute parce que je me préoccupe très peu de mon corps que j’écris à travers lui. Comment regarder une femme dont le corps même est une écriture? 
Où est mon corps quand j’écris? Est-il posé? Où se pose t-il? J’écris assise. 
Laura pose t-elle son corps quand elle danse? Où le pose t-elle?»
 Emmanuelle Pagano
— 17 avril, 15h et 17h, Maria Donata d’Urso, Sophie Loizeau, Le Centquatre, Paris
Sur un écran-peau projeter les mots et par cet acte renouer avec le parchemin, la peau tannée, support premier de l’écriture. Comme la peau, l’écran est sensible, sujet aux vibrations, il tressaille, il palpite, il est capable de se distordre et d’épouser. Membrane entre intérieur et extérieur à nous. 
Avec la peau s’explorent des qualités de présence. Des tissus élastiques, qui interagissent avec la lumière et la projection de mots et qui se déforment avec les mouvements de Donata, seront les éléments du dispositif ou les medium distincts se confondent et désorientent, comme des strates qui composent l’image des nos perceptions. Vers et phrases de Sophie – vers dans la phrase et vers purs – ondulent sur la membrane pendante et mobile de l’écran. Le corps de Donata passe dans le texte lui-même, vient perturber la lecture. Aux mouvements du corps répond la plasticité du texte : sens et non-sens / lisibilité et trouble / tout et fragment.
critique
Festival Concordanse 2010