Festina lente. Sur fond de crise du marché — de l’art —, ce titre résonne dans la galerie.
Nous pourrions ici débattre des toiles de Daniel Schlier, de ces figures solitaires, ces fonds dorés, ces rhinocéros, compas et autres têtes de vaches ; évoquer la symbolique des éléments, leurs significations; revenir sur la couleur, son emploi. Nous pourrions discuter accords, touche, style; insister sur le traitement des corps, de la matière. Nous pourrions nous demander ce qui se cache derrière ces visages, ces yeux, ces masques, ces mensonges.
Sans doute pourrait-on aussi écrire davantage sur Nu (Aurélie) avec un busard, souligner la grâce et la poésie dans l’attitude de cette femme regardant le ciel, l’oiseau posé sur la cuisse. Nous pourrions parler de l’histoire de l’art, des références de l’artiste.
Mais, technique, format, composition, couleur, référence, impression… tout cela importe-t-il vraiment ? Est-ce ce à quoi nous devons penser en ce début d’année 2009 ?
Ce qui est remarquable dans cette exposition, c’est le Chevalier. Cette figure courageuse, forte et dynamique, à qui il faut ressembler pour surmonter cet ennemi qui s’attaque maintenant au monde de l’art, la crise.
Ce combat nécessitera des artistes s’engageant, allant au cœur du réel, de l’actualité, de la merde ambiante. Des artistes chevaliers, ne parlant pas de leurs visions mais de notre avenir, sortant de leur atelier, mettant leurs doigts sur des enjeux capitaux, plongeant leurs mains dans les organes vitaux de notre société, arrêtant l’hémorragie intellectuelle, artistique et financière ; des courageux se battant pour défendre leurs idées, leurs idéaux, créant des situations de partage, de réflexion, de prise de positions, parfois même au risque de leur mort au sein du marché.
Ces chevaliers de l’art renverseront cette crise pour enfin mettre en avant un art engagé, brutal, violent s’il le faut, un art qui pique, agresse, touche, un art qui vive et qui transpire, un art fort et puissant, qui agit et rayonne.
Gaël Charbau écrit: «Je pense enfin que la crise, forte de son sens de l’histoire, n’a pas choisi un début de siècle par hasard, et que ceux qui pensaient n’avoir rien à espérer d’autre que quelques verres dans un vernissage, peuvent enfin regagner leurs ateliers et continuer à bricoler l’avenir, car si il fait gros temps sur les finances, le sol est plus que jamais fertile pour les idées» (Editorial, Particules n°22).
Cette crise sera positive, il s’agit de s’en servir pour avancer, et ensemble, réfléchir à demain. Face à cet ennemi, il convient de ne plus regarder mais agir, ne plus montrer mais démontrer, combattre pour ne plus avoir à se débattre, et ainsi, nous sortirons tous victorieux. Pour cela, hâtons-nous lentement — mais ne tardons pas trop.
Daniel Schlier
— Chevalier /moteur or, 2008 (n°28). Huile, acrylique et feuille d’or sur bois, 150 x 120 cm
— Chevalier /moteur or, 2008 (n°27. Huile, acrylique et feuille d’or sur bois, 150 x 120 cm
— Mesurer le rhinocéros, 2009 (n°1). Huile, acrylique et feuille d’or sur bois, 60 x 70 cm
— Chevalier féminin, 2008 (n°30). Huile, acrylique et feuille d’or sur bois, 155 x 122 cm
— Personnage avec tête de vache négatif et heaume milanais, 2008 (n°29). Huile, acrylique et feuille d’or sur bois, 155 x 122 cm
— Nu (Aurélie) avec un busard, 2008 (n°32). Huile, acrylique et feuille d’or sur bois, 155 x 122 cm
— Mesurer le rhinocéros, 2009 (n°2). Huile, acrylique et feuille d’or sur bois, 60 x 70 cm
— Chevalier mesurant un rhinocéros, 2008 (n° 31). Huile, acrylique et feuille d’or sur bois, 155 x 122 cm
— Europe fond gris, 2008 (n°26). Huile et acrylique sur toile, 150 x 120 cm
— Sans titre n°20 (Chien-bâton disant montagnes), 2002. Peinture à l’huile sous verre, 78 x 143 cm
— Europe fond violet, 2008 (n°25). Huile et acrylique sur toile, 150 x 120 cm
— Inakalé IV, 2002. Technique mixte sur toile, boutons, cravates, 230 x 180 cm
— Nu avec gantelet, 2007. Crayon couleur et graphite sur papier, 60 x 50 cm