Marie Dorigny et Claudine Doury débutent leur carrière à la fin des années 1980. Leur travail, multi-récompensé, accorde à la femme une place majeure. Au Château du Val Fleury, la présentation de leurs travaux permet non seulement de mesurer la complémentarité de leurs observations et de leurs expériences, mais aussi de valoriser la féminisation d’un métier qui demeure encore largement masculin.
« Displaced, femmes en exil », d’une épreuve à une autre
En 2015, le Parlement européen sollicite Marie Dorigny pour réaliser un reportage photographique sur la situation des demandeuses d’asile. Parmi ces femmes, certaines sont des mères. Responsables d’autres vies que de la leur, l’exil se révèle plus difficile encore. La photographe s’attache à en saisir la complexité, à l’image du parcours de Sunduz, une Kurde d’Irak fuyant Mossoul et Daech avec son mari et ses deux enfants. Enceinte de deux mois, celle-ci fait un malaise en arrivant sur la plage de Lesbos et trouve du réconfort auprès d’une jeune bénévole. Jusqu’en Allemagne, Marie Dorigny suit ces femmes qui profitent alors d’un geste favorable de l’Europe à l’égard des populations en exil. Mais en mars 2016, l’Union européenne et la Turquie signent un accord visant à réduire ces mouvements migratoires, telle une entrave supplémentaire à leur quête de liberté.
« Loulan Beauty », d’une époque à une autre
Loulan est une ancienne cité fondée au IIe siècle avant J.-C. sur la route de la soie, au cœur de la Chine actuelle. En 1980, des archéologues y trouvent les restes d’une femme témoignant de la présence humaine en ces lieux depuis près de quatre siècles. Dénommée « beauté de Loulan », elle devient une figure emblématique dont Claudine Doury s’empare pour étudier le mode de vie des jeunes femmes en Asie centrale. Libérés de la domination soviétique, ces territoires aux paysages infinis redeviennent le théâtre d’histoires et de cultures singulières, saisies par la photographe à travers la couleur. Le rose poudré d’un plumet, le rouge profond d’une robe ou le blanc éclatant d’un débardeur sont autant de touches d’espoir et de renouveau pour ces « beautés » contemporaines.