Maguy Marin, Mary Wigman, Martha Graham, Doris Humphrey, Anna Halprin, Trisha Brown, Yvonne Rainer, Simone Forti, Lucinda Childs, Pina Bausch, Odile Duboc, Maguy Marin, Robyn Orlin, Régine Chopinot, Catherine Diverrès, Mathilde Monnier
Femmes chorégraphes
Horaire : tous les jeudis à 20h
En réalité, au-delà des clichés, jusqu’à la fin du 19è siècle, la danse a été créée, écrite et dirigée par les hommes. Tout au long de l’histoire, elle a plutôt représenté un puissant instrument d’éducation des femmes à qui elle proposait comme modèles des postures jugées socialement acceptables, ainsi qu’un mode de représentation d’un féminin fantasmatique. 

C’est seulement au tournant du siècle dernier que quelques femmes, maîtresses de ballets ou chorégraphes, sont parvenues à s’imposer en tant qu’auteurs d’une pensée du mouvement. Et certaines d’entre elles feront de la danse un véritable instrument d’émancipation. Ainsi, au cœur de l’éclectique chantier qu’a constitué l’élaboration d’une modernité en danse, se distinguent les parcours créatifs singuliers de Loïe Fuller, Isadora Duncan ou Ruth Saint Denis, puis ceux de Mary Wigman ou Valeska Gert.
Par la suite et tout au long du 20è siècle, la danse a été, parmi les différents champs artistiques, celui dans lequel les femmes ont été le mieux représentées en tant que créatrices. Si, chez certaines, dont Isadora Duncan ou Martha Graham, le questionnement par rapport à la construction du genre devient un motif récurrent, chez d’autres, c’est le fait même de pouvoir s’affirmer en tant qu’artistes femmes, ainsi que la singularité de leur démarche qui s’imposent.
Aux Etats-Unis, la critique post-moderne des conventions de la pensée et de la représentation chorégraphiques est en grand partie élaborée par des femmes : Yvonne Rainer, Trisha Brown, Anna Halprin. Le paysage de la danse et du théâtre européens a été plus tard profondément bouleversé par Pina Bausch, qui a marqué des générations de chorégraphes et de metteurs en scène tout en comblant les horizons d’attente du public.
En France, à l’heure où des renouvellements à la direction des Centre chorégraphiques nationaux entraînent le départ de Régine Chopinot, Catherine Diverrès ou Odile Duboc, on peut se demander si, dans un futur proche, les chorégraphes femmes seront toujours aussi présentes. Pourtant, l’émergence de chorégraphes plasticiennes comme La Ribot, Claudia Triozzi ou Maria Donata d’Urso irrigue et renouvelle fortement l’espace chorégraphique. 

S’il ne s’agit pas d’envisager une « danse de femmes », le paysage de la danse contemporaine a été en partie construit par des femmes qui, par le fait même de défendre leur cheminement artistique, ont contribué et contribuent à nourrir une vision plurielle de ce monde.
Programme des séances
Jeudi 10 Septembre 2009 : Mary Wigman, Valeska Gert
Mary Wigman (1886-1973), à la fois danseuse, chorégraphe et pédagogue, est une figure emblématique de l’expressionnisme allemand. Ses recherches font d’elle une des pionnières de la « danse moderne » dans l’Europe du début du XXe siècle.
Jeudi 1 Octobre 2009 : Martha Graham, Doris Humphrey
Monstre sacré, mère de la modern dance, danseuse sublime et chorégraphe exceptionnelle (jusqu’à sa mort à l’âge de 97 ans), cette femme hors du commun a bel et bien révolutionné l’art de la danse. Si elle attribua toujours l’invention d’une nouvelle forme de danse à ses maîtres Ted Shawn et Ruth Saint-Denis, Martha Graham substitua à l’académisme européen un nouveau langage qui s’intéressait moins à l’élaboration de nouvelles figures qu’à la conscience du mouvement lui même et de son lien avec les émotions.
Jeudi 5 Novembre 2009 : Anna Halprin
Personnalité discrète et attachante, l’Américaine Anna Halprin n’en est pas moins une figure majeure de la danse du XXe siècle, dont l’influence s’exerce jusqu’à aujourd’hui. Dès la fin des années 1940, elle décide de se dégager de l’influence de la modern dance, alors à son apogée, et de rompre avec toute forme d’esthétique.
Jeudi 3 Décembre 2009 : Yvonne Rainer, Simone Forti
Entré au répertoire du ballet de l’Opéra, le Sacre du Printemps de Vaslav Nijinski a inspiré plus d’une centaine de chorégraphes, parmi lesquels Léonide Massine, Mary Wigman, Martha Graham, Mats Ek, Maurice Béjart, Pina Bausch. Dernière en date à revisiter cette pièce mythique, la chorégraphe américaine Yvonne Rainer, co-fondatrice du légendaire collectif new-yorkais Judson Dance Theater, propose à son tour une relecture qui s’inspire du scandale d’où cette pièce est née.
Jeudi 7 Janvier 2010 : Trisha Brown, Lucinda Childs
C’est en 1978 seulement, après plus de quinze ans de recherche et d’expérimentation, que Trisha Brown, figure majeure de la postmodern dance américaine, crée sa première pièce pour la scène, Glacial Decoy.
Jeudi 4 Février 2010 : Pina Bausch
Ecrivaine et critique américaine, Susan Sontag a consacré à Pina Bausch (née en 1940) ce qu’elle a appelé un « essai télévisuel ». Son analyse de la démarche et du processus de travail de la chorégraphe allemande fait l’objet de commentaires livrés à l’image autour d’extraits de spectacles : Barbe-Bleue, Arien, 1980.
Jeudi 4 Mars 2010 : Odile Duboc
Odile Duboc (née en 1941) se définit avant tout comme une amoureuse du mouvement.
Jeudi 1 Avril 2010 : Maguy Marin
Scellée par un art du rythme qui n’appartient qu’à Maguy Marin et structure ses compositions même les plus arides, Umwelt est une création qui, en peu d’effets spectaculaires, parle de la vie et des corps dans notre « environnement », et ce jusqu’à épuisement.
Jeudi 6 Mai 2010 : Robyn Orlin
A partir de cette assertion essentielle, la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin (née en 1955) entreprend de détourner ou de recycler d’anciens films et autres documentaires d’actualité sud-africains qu’elle retravaille avec humour en y insérant toutes sortes de trucages et de jeux situationnistes.
Jeudi 3 Juin 2010 : Régine Chopinot, Catherine Diverrès, Mathilde Monnier
Du flou au net, de la matière brute à la sculpture, la caméra expose tantôt les corps comme matière, magma quasiment sans contours, tantôt elle les découpe en bribes et morceaux, forgeant d’anormales dimensions plastiques et les révélant à la fois victimes et bourreaux, machines et cadavres.
critique
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