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Femmes chorégraphes 3

Débutant son parcours dans les années 1930, Anna Halprin explore les techniques de Ruth Saint Denis et d’Isadora Duncan avant d’entrer à l’Université du Wisconsin où elle rencontre Margaret H’Doubler et étudie l’anatomie. Elle va peu à peu s’éloigner de cet enseignement, abandonnant le mouvement stylisé de la danse moderne pour s’intéresser à celui, banal, du corps civil. Ainsi, elle ouvre la voie infinie de l’exploration du geste quotidien, mettant en place un système de tâches à accomplir (tasks), système bientôt repris par ses contemporaines : Trisha Brown, Yvonne Rainer ou Simone Forti avec qui elle fonde en 1959 le San Francisco Dancer’s Workshop.

Dès lors, toutes ses créations obéiront à des « partitions » qui autorisent l’improvisation et encouragent les interprètes à développer une expression personnelle. Il s’agit souvent de propositions relativement simples, comme par exemple celle de Paper Dance : un groupe de danseurs se déshabille puis déploie, ramasse et déchire de grandes bandes de papier kraft avant de se regrouper…

La confrontation du corps (souvent nu) avec l’environnement, et notamment la nature, constitue une de ses pistes de travail les plus fécondes. Mariée à l’architecte paysagiste Lawrence Halprin, c’est sous l’impulsion de celui-ci qu’elle commence à danser en plein air, débutant une série d’expérimentations à rapprocher du land art ou du buto (elle collabore d’ailleurs avec Min Tanaka et Eiko et Koma). Très proches du rituel, ces performances tendent à recréer du lien avec la nature par le mouvement, jusqu’à s’y intégrer totalement.

Chez Anna Halprin, le corps est toujours considéré à travers une relation au monde : relation avec une tâche à accomplir, relation avec un environnement, relation avec d’autres corps … mais aussi dans son rapport au vieillissement et à la maladie. En effet, atteinte d’un cancer, elle s’intéresse aux capacités thérapeutiques de la danse et crée avec sa fille en 1978 le Tamalpa Institute : depuis, ce centre propose des ateliers de formation en danse et arts visuels dans un contexte de thérapie holistique (qui permet de soigner l’être humain dans sa globalité).

Les deux films programmés par le Centre Pompidou constituent la trace de son passage à Paris, lors d’une programmation en 2004 dans le cadre du Festival d’Automne.
D’une part, la captation de la performance Paper Dance, d’autre part Who Says I Have to Dance in a Theater – Anna Halprin, un film documentaire mêlant entretiens, archives, et enregistrements des différentes performances effectuées à Beaubourg et dirigées par la chorégraphe alors âgée de 84 ans. On pourra voir également des extraits de ses dernières pièces qui témoignent d’une étonnante vivacité et d’un optimisme contagieux quant à la question du vieillissement. Anna Halprin, en s’émancipant des codes traditionnels du spectacle, de sa scène et de ses éclairages, invente une danse où il est possible de vieillir et même de mourir, sans en faire un drame.

Paper dance (extrait de Parades and Changes, 1964)
— Chorégraphie : Anna Halprin
— Réalisation : Paul Savage
— Durée : 11 min

Who Says I Have to Dance in a Theater – Anna Halprin (film documentaire, 2006)
— Réalisation : Jacqueline Caux
— Durée : 50 min

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