Shirin Aliabadi, Pilar Albarracin, Nabuyoshi Araki, Kader Attia, Madeleine Berkhemer, Anastassia Bordeau, Véronique Boudier, Rebecca Bournigault, Anne Brégeaut, Elina Brotherus, Berlinde de Bruyckere, Hsia-Fei Chang, Emilie Chaumeil, Nina Childress, Liz Cohen, Sophie Dubosc, Marie-Hélène Fabra, Hans-Peter Feldmann, Sylvie Fleury, Lena Goarnisson, Marie-Ange Guilleminot, Oda Jaune, Sarah Jones, Michel Journiac, David Kramer, David Lefebvre, Natacha Lesueur, Isabelle Lévénez, Cristina Lucas, Tracey Moffatt, Olivier Morel, Valérie Mréjen, Marylène Negro, Orlan, Florence Paradeis, Philip Pearlstein, Françoise Pétrovitch, Juliao Sarmento, Joachim Schmid, Laurie Simmons, Steve Tournadre, Rosemarie Trockel, Marc Turlan, Wang Ziwei…
Femme objet, femme sujet
Une alternative étonnante, dont la formulation paraîtrait incongrue, voire inconvenante, s’il s’agissait des hommes –que serait être un homme objet sinon un esclave?. Une alternative à laquelle cependant, les femmes sont sommées implicitement de se situer, à laquelle elles voudraient échapper, ou qu’elles voudraient dépasser. Unealternative qui questionne leur statut dans son ambiguïté, privilégiant leur corps, son
vécu, sa représentation plutôt que l’esprit.
Le corps est en effet omniprésent, y compris pour les femmes lorsqu’elles parlent d’elles, ou dans l’image qu’intentionnellement ou non, elles projettent. Un corps mis à nu qui s’exhibe par défit renvoyant le regard vers celui qui l’incite (l’excite), ou qui, lourd de son secret, se dérobe. Parce que ce corps est, doublement, un réceptacle: celui du trinôme sexualité/féminité/séduction d’une part; celui du binôme: mère/ maternité de l’autre.
Chez la femme et plus précisément dans son corps se montre, se noue, se joue le drame de la vie, tiraillé entre jouissance de l’individu et responsabilité de l’espèce. Les femmes le savent, qui à la fois, s’en louent et s’en désolent.
Mère et sexe/sexe et mère. La femme est une figure à la Janus, dont aucune des deux faces ne symboliseraient l’espace de l’Aventure, ou l’univers du Pouvoir; mais qui oppose et unie comme deux soeurs siamoises: la tenu discrète du foyer, à l’opulente allure d’une messaline.
Double enjeux, double jeu, qu’elle revendique comme un défi, qui l’écrase, et dont les limites qui l’enferment sont celles de la problématique du couple. Soit qu’elle l’accepte en tant que perspective et comme finitude, ou qu’elle la refuse, avec en arrière plan obscur le risque de la chute. En même temps que ces enjeux lui dictent, dans ces deux cas de figure, comme seule stratégie possible: la séduction.
Marie ou Salomé; épouse ou prostitué; femme ou maitresse; pubère ou impubère; pudique ou impudique ; sainte ou salope. Le sang menstruel comme un secret sacré, une injustice, une affliction. Les oeuvres montrent cette complexité sujette, et les contradictions qu’elle génère.
Revendiquer les contraintes qui enferment, exhiber par défit les oripeaux qui oppriment, ironiser des artifices, exhiber les accessoires comme autant de signes d’une identité –à voire la prolifération de la référence aux chaussures– qui permettent paradoxalement de revendiquer la reconnaissance et d’assoir son égalité.
Faire de sa faiblesse supposée une force. De la séduction un empire. Que suis-je en tant que femme? Qu’est-ce qu’être femme? Comment être femme? Comment simplement être?
L’exposition jouera de ces questions comme d’autant de facettes: un peu de la manière dont les hommes les imaginent; principalement, de la manière dont les femmes se montrent, des moyens à critique renversée, dont elles s’interrogent et interrogent, et dont elles revendiquent le regard de l’autre qui est celui des hommes en priorité.