L’exposition « Videodrome » au Fonds régional d’art contemporain Poitou-Charentes, à Angoulême, réunit trois vidéos, de Fayçal Baghriche, Le Gentil Garçon et du collectif_fact, autour des rapports entre l’univers des créations audiovisuelles et notre perception de la réalité.
« Videodrome », vidéos de Fayçal Baghriche, Le Gentil Garçon et du collectif_fact
Le titre de ce programme de vidéos, « Videodrome », emprunte celui d’un film réalisé en 1983 par David Cronenberg dont il poursuit la réflexion critique sur les médiums audiovisuels et sur la façon dont ils peuvent alimenter les fantasmes jusqu’à détruire la frontière qui sépare ces derniers de la réalité. Alors que se multiplient les dénonciations des « fake news », l’exposition rappelle la capacité des productions audiovisuelles à , au mieux, créer des mythologies personnelles et, au pire, entretenir de dangereuses théories complotistes.
Avec sa vidéo La nuit du doute, projetée du 12 octobre au 4 novembre, Fayçal Baghriche, revient sur son enfance, lorsque son quotidien était partagé « entre l’école et la télévision noir et blanc à la maison ». Cette œuvre autobiographique et intime retrace les mythologies et les questionnements que généraient alors chez lui les programmes télévisuels en compilant des vidéos extraites d’Internet et diverses histoires simples et souvent drôles qui sont autant de souvenirs de son enfance. A travers eux, Fayçal Baghriche analyse l’éducation du regard sur l’image et les médias et la création de mythologies personnelles.
« Videodrome » alerte sur le pouvoir d’influence des productions audiovisuelles
Le film Chronique du monde d’avant de Le Gentil Garçon, projeté du 6 novembre au 2 décembre, utilise la pratique du kamishibai, un genre théâtral japonais traditionnel dans lequel les artistes racontent des histoires en faisant défiler des illustrations. Détournant le recours au défilement d’images, Le Gentil Garçon s’en sert pour présenter à des enfants une nouvelle histoire du monde. Ici, contrairement au kamishibai classique, l’image n’est pas une simple illustration du texte : l’œuvre propose une réflexion sur le statut et la manipulation possible de l’image.
-leEnfin, la vidéo The Fixer du collectif_fact, projetée du 4 au 22 décembre, s’inscrit dans un travail sur le potentiel illusionniste du cinéma. Par des techniques de manipulation et de bandes son tirées le plus souvent de films hollywoodiens qui sont ensuite associées à des images tournées par le collectif, celui-ci révèle des méthodes narratives utilisées par l’industrie cinématographique et explore le rapport parois ambigu entre ce qui est montré et ce qui est dit. Ici, le montage d’une voix-off sur des scènes qui lui sont étrangères génère peu à peu un doute sur ce que l’on voit et souligne la capacité du cinéma à influencer notre lecture du monde contemporain.