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Fave New Bridges Knot Knowing Corona Cardinals, Axel Geis

La peinture pour Axel Geis, parce qu’elle est le fil tendu entre notre contemporanéité et l’histoire des images, en premier lieu celle délivrée par les grands portraitistes des siècles précédents, depuis Titien, Vélasquez et Goya jusqu’à Manet.
Ses tableaux représentent des personnages en pied ou en buste qui évoluent dans un espace sans décor. Des portraits secs et abruptes dans lesquels toute référence au récit a été effacée. Non pas oubliée, véritablement effacée tant son absence semble tenir sa place sur le tableau. Une «présence» fantomatique, donc, qui transparaît dans la liquidité de la peinture, dans le voile mat et rigide qui fait office de fond, dans les coups de brosse qui entourent chacun de ces visages.

Des visages et des corps eux-mêmes quasiment absents. Floutés pour la plupart, baignant dans un carcan sombre, sans effet particulier, d’où l’on distingue pourtant une appartenance lointaine à la société du XIXe ou du début du XXe. Les hommes portent la moustache et le costume cintré (o.T.). Les femmes, des tenues de servantes (Zwei Mädchen) et des drapés lourds (Frau Mit Schwarzer Bluse).

Les peintures d’Axel Geis sont la traduction d’archives photographiques personnelles, de scènes de films ou de séquences tirées de reportages télévisuels. Mais ils n’en disent rien sinon la transfiguration qu’énonce la réappropiration de la réalité par l’artifice de l’image.
Sinon la métamorphose, le passage d’une présence à sa dématérialisation. La peinture participe de ce processus. Avec cependant la faculté, au regard des maîtres du portrait, de faire cheminer le souvenir d’une image dans un temps historique universel.

Pour Pàdraig Timoney, la peinture révèle les différentes strates de l’image. Il y a d’abord l’objet, la matière du souvenir, puis sa mémorisation avant sa déformation progressive. C’est ce processus attestant la fragilité de l’histoire et, dans le même mouvement, sa réalité incontournable qui est au coeur des enjeux de Pàdraig Timoney.

Son travail s’appuie sur le médium peinture pour caractériser le glissement progressive à la naissance du processus d’enregistrement de l’image dans la mémoire. Le médium peinture, c’est-à-dire la toile, les pigments, et, sur le triptyque central de l’exposition, une combinaison d’encre, d’email et de colle de peau de lapin (une technique héritée des premiers moments de la peinture sur toile).
Dans ce triptyque intitulé Coronalime Compass, Pàdraig Timoney peint un sujet sur le dos d’une toile et le révèle sur l’autre toile fixée en vis-à-vis par absorption du mélange. Le sujet tend alors à se liquéfier, passant d’un état de figuration à une abstraction indéterminée. A la mesure d’une mémoire qui, pour rester réactive, se déleste d’une partie de sa substance. Du moins en apparence.

Les miroirs que Pàdraig Timoney réalise lui-même et place au regard de ses toiles (Mirror for Paris) indiquent que la matière mémorisée et fabriquée sur les lambeaux du récit originel, peut resurgir à chaque instant. Bien décidée à s’inviter dans le réel. 

Axel Geis
— Frau mit Tuch, 2008. Huile sur toile. 70 x 92 cm
— Frau mit schwarzer Bluse, 2008. Huile sur toile. 161 x 140 cm
— o.T., 2008. Huile sur toile. 81 x 60 cm
— Zwei Mädchen, 2008. Huile sur toile. 203 x 122 cm
— o.T., 2008. Huile sur toile. 57 x 37 cm
— o.T., 2008. Huile sur toile. 83 x 67 cm

Pàdraig Timoney
— Coronalime Compass, 2008. Triptyque: pigments, encre, colle de peau de lapin sur toile. 265 x 170 cm / 185 x 170 cm / 185 x 170 cm
— Mirror for Paris (gold), 2008. Miroir. 130 x 130 cm
— Laiterie, beurre, oeufs, 2003-2004. Photographie noir et blanc. 43 x 54 cm
— Mirror for Paris (silver and gold), 2008. Miroir. 130 x 150 cm
— Agrodolce, 2008. Polystyrène et technique mixte. 27 x 26 x 14 cm
— Lighting in the Hide, 2008. Huile sur toile. 163 x 115 cm