Jérôme Zonder
Fatum
Jérôme Zonder développe depuis plus de dix ans une œuvre virtuose centrée sur le dessin. Réalisées essentiellement à la mine de plomb et au fusain, ses œuvres — souvent de très grands formats — suscitent à la fois admiration et effroi.
Dans son travail, les références à Albrecht Dürer, Robert Crumb, Rembrandt, Charles Burns, Otto Dix et Walt Disney voisinent pour composer des récits, souvent cruel. Pour Jérôme Zonder, «la narration nous fait entrer dans le dessin, le corps seul nous retient à la surface. Dessiner pour moi, c’est sans cesse être entre distance et proximité, figuration et abstraction, attraction et répulsion».
Pour son exposition à La Maison rouge, Jérôme Zonder a imaginé une déambulation invitant le spectateur à pénétrer à l’intérieur même du dessin, puisque sols et murs en sont recouverts, établissant un cheminement, spatial et mental, dans les préoccupations de l’artiste.
Jérôme Zonder témoigne: «En 2009, une montée de violence me semblait palpable. J’ai commencé une série consacrée aux enfants du siècle, alors âgés de neuf ans, autour du thème de leur anniversaire les faisant rejouer des événements de l’actualité récente, où violence, enfance, cruauté et amour s’entremêlaient».
Aujourd’hui, ces enfants ont grandi et arrivent à l’âge de l’adolescence. Après les terreurs et les mauvais rêves de la petite enfance, vient le temps des bouleversements intérieurs, des métamorphoses, des prises de conscience et des incertitudes.
Entre poésie et noirceur, les scènes qui composent cet ensemble juxtaposent la violence et les tragédies de l’histoire (la petite autant que la grande) avec l’immédiateté stylistique du dessin d’enfant et les prouesses de sa technique.
Nombreuses questions se posent: comment interpréter ces images? Quel rapport entretient-on avec la violence quotidienne? Quels témoins de ce qui nous entoure sommes-nous?
Le titre de l’exposition, «Fatum», renvoie au mot latin «destin»: un enchaînement d’événements considérés comme inéluctables.