ART | CRITIQUE

Faraway

PCarine Pouvreau
@12 Jan 2008

La galerie Nathalie Obadia accueille, pour une première exposition personnelle en France, les œuvres figuratives et médiatiques de l’artiste portoricain Enoc Perez. Une succession d’instants figés, très photographiques, est transfigurée par l’encre ou la peinture, dans une atmosphère glamour.

Remarqué lors de l’exposition «Cher Peintre… Peintures figuratives depuis l’ultime Picabia», au Centre Pompidou, Enoc Perez appartient à la génération d’artistes qui ont, dans les années 90, participé au renouveau de la figuration en peinture. Avec John Currin, Elizabeth Peyton, Kurt Kauper, Luc Tuymans, Neo Rauch, ou Sophie von Hellermann, il dresse la peinture face à l’omniprésence de l’espace médiatique.

La sensation de vécu qui émane des dix-neuf œuvres, peintures et encres, exposées vient en partie de la technique particulière et complexe d’Enoc Perez qui utilise des photographies comme modèles de ses toiles, principalement des cartes postales des années 60 ou des clichés personnels de sa femme et de ses amis.

Le procédé rappelle celui du Pop Art et des sérigraphies d’Andy Warhol sauf que chez Enoc Perez tout est manuel. Plusieurs dessins du cliché, utilisés comme support pour chaque couleur, sont reportés sur la toile par une sorte de technique de frottage. Ainsi la surface du tableau est parfois constituée de quelque trente couches de couleur, traces physiques du processus d’impression qui exige de l’artiste du temps et de la patience.

Avec la série des neuf «natures mortes» réalisées à l’encre sur papier, on a l’impression de tourner les pages d’un magazine chic de la côte ouest des Etats-Unis, ou d’admirer des affiches publicitaires sur papier glacé : des diamants, des bouteilles d’alcool et des verres, mais également une femme dans une pose alanguie.

La série des huiles sur toile, de formats plus imposants, présente des lieux familiers américains — terminal d’aéroport, magasin, etc. — , mais aussi des portraits de femmes et des choses — instruments de musique ou pot à caviar. Le tout dans une facture très léchée.

Par la peinture, Enoc Perez transforme les instantanés photographiques, images fugitives captées dans l’instant, en mémoire détachée du temps, inscrite dans la durée.

Enoc Perez
— Carole, 2007. Huile sur toile. 106 x 76 cm
— Don Q , 2007. Huile sur toile. 106 x 76 cm
— Pan American Terminal, Kennedy Airport, 2007. Huile sur toile. 165 x 254 cm
— Caviar, août 2007. Huile sur toile. 177 x 203 cm
— California Shoe Store, La Habana, 2007. Huile sur toile. 48 x 40 cm
— Peter’s vase, 2007. Huile sur toile. 48 x 40 cm
— Argonaut II, by Seymour Lipton, Huile sur toile. 48 x 40 cm
— New York, 2007. Huile sur toile. 48 x 40 cm
— Still Life, 2007. Huile sur toile. 152 x 106 cm
— Rio de Janeiro, 2007. Huile sur toile. 106x 152 cm
— Don Q, 2007. Encre sur papier. 78 x 63 cm (x 3)
— Diamonds, 2007. Encre sur papier. 78,5 x 63,5 cm (x 2)
— La Super Fabulosa, 2007. Encre sur papier. 78,5 x 63,5 cm

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