Farah Atassi
Farah Atassi: de la figuration vers l’abstraction
Dans le cadre de son exposition au Portique, Farah Atassi présente cinq peintures grand format, issues de ses récentes recherches picturales. Alors que sa première série de tableaux représentait des espaces désertés par l’humain, ses nouvelles toiles délaissent la narration au profit de l’abstraction. En effet, c’est à la base même de l’abstraction que Farah Atassi consacre son travail, s’interrogeant sur la question de l’ornement. Les cinq toiles empruntent leurs motifs aux arts décoratifs. Papiers peints et tapis sont désormais le point de départ de la réflexion de l’artiste qui, ainsi, revient aux sources de l’art et fabrique de nouveaux objets imaginaires en assemblant des formes géométriques multiples.
Si la thématique de l’espace est toujours présente dans ses nouvelles œuvres, son utilisation diffère. Elle s’attache désormais à déconstruire l’espace et à le ré-agencer en accumulant les formes, en favorisant leur rencontre sur la toile, de manière à figurer et à réinventer un ornement. Ainsi, Farah Atassi continue d’interroger l’art et ses codes, ses modes de représentation.
Tous les tableaux présentés au Portique, redessinent les formes géométriques. Chacun des espaces des toiles supporte un discours visuel et pictural évoquant une problématique et une technique spécifiques: si Cut out rejoue le pliage et le découpage, Ornamental Setting dessine quant à lui un espace improbable et idéal, inspiré des motifs d’un tapis.
Farah Atassi s’amuse des formes qu’elle joue à combiner pour réinventer un nouveau vocabulaire décoratif. La toile, The Cloud, se concentre sur la grille et fait naître de nouveaux motifs: les carreaux rassemblés dessinent une forme floue, tel un nuage. La forme géométrique initiale est alors absorbée par l’espace de la toile qui, entre les mains de l’artiste, est remodelé et transformé.
Les nouvelles productions de l’artiste rompent avec ses précédentes toiles narratives. La peintre, s’affranchit de ses pairs et, sous son pinceau, se révèle le désir de peindre, en exhibant la trame, en mettant à nu le motif disséqué et reconstruit. Farah Atassi rompt avec le récit spatialisé, privilégiant les formes et l’abstraction. Les titres donnés aux tableaux témoignent de cette volonté de renoncer à la narration: ne traduisant pas une idée, ils fournissent uniquement des indications conceptuelles et renseignent sur l’origine du projet. L’informatif est privilégié et prend le pas sur le narratif, mettant ainsi en exergue le processus et la démarche.
Le travail de Farah Atassi, à l’instar des motifs qu’elle se plaît à travailler, est mouvant et protéiforme. La nouvelle série de peintures présentée au Portique atteste de l’évolution de son travail. De Tabou à Cut out, l’artiste, même si ses œuvres continuent de s’inscrire dans un continuum historique et dans l’histoire de l’art, affirme désormais son désir et son envie de peindre: la citation s’efface, au profit de la filiation, levant le voile, aujourd’hui, sur l’artiste et son geste, dans un vaste mouvement d’appropriation des motifs et de l’histoire de l’art.