ART | EXPO

Far from Home

03 Avr - 10 Mai 2008
Vernissage le 03 Avr 2008

Cette nouvelle exposition propose, sous la forme d’un dialogue entre Alberto Garcia-Alix et Daido Moriyama, de comprendre comment l’art perçoit le réel. Du Japon d’après-guerre à l’Espagne Franquiste, les deux photographes, transportés pour l’occasion dans un pays étranger, saisissent des gestes, des paysages insignifiants, qui témoignent pourtant de la fracture entre deux civilisations:  orient et occident.

Alberto Garcia-Alix et Daido Moriyama
Far from Home

La galerie Kamel Mennour présente « Far from Home », un face à face inédit entre deux grandes figures de la photographie contemporaine : Alberto Garcia-Alix et Daido Moriyama. Respectivement originaires du Japon et de l’Espagne, Daido Moriyama et Alberto Garcia-Alix se sont tous deux jetés à corps et à cris dans la photographie vers l’âge de 20 ans en prenant pour sujets leurs contemporains, leur époque.

Chasseur d’images dans le Japon de l’après-guerre, Daido Moriyama s’est fait connaître pour ses prises de vue directes, denses et rugueuses, sur le fil du rasoir. La ville, vibrante et terrible, est son théâtre d’élection. Avec son vacarme et ses flux incessants, ses clubs, ses juke-boxes, ses bagnoles, ses motos, ses femmes et ses animaux errants, celle-ci lui fournit « des sujets irremplaçables » comme en témoigne sa dernière rétrospective au Centro Andaluz de Arte Contemporáneo de Séville durant l’été 2007.

Poète, rockeur et matador anarchiste dans l’Espagne d’après Franco, Alberto Garcia-Alix puise, quant à lui, son inspiration dans son entourage immédiat, « ceux qu’il a devant les yeux ». Auteur d’une fresque poétique et poignante, célébrée à Arles l’été dernier et en septembre prochain au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de Madrid, ce photographe à l’âme de biker s’est forgé, dans les années 1980, un style inimitable en portraiturant ses proches, acteurs déjantés des nuits madrilènes.

Pour la seconde exposition de Daido Moriyama et la troisième d’Alberto Garcia-Alix à la galerie Kamel Mennour, les deux photographes ont choisi de croiser leur vision, leur tempérament, leur territoire pour interroger, à contre-emploi, la dichotomie orient/occident.
Daido Moriyama, l’oriental, expose ainsi des vues de la sensuelle Buenos-Aires qu’il a prise en 2004 et 2005, tandis qu’Alberto Garcia-Alix, l’occidental, propose les clichés récents de ses errances à Pékin.

Buenos-Aires / Pékin, deux destinations lointaines, deux séjours de courte durée -deux fois dix jours pour le premier, 55 jours pour le second -, et une occasion de montrer que persistent, même loin de chez eux, leur écriture, leur style, leur manière de raconter, d’enregistrer le monde.
Comme saturé d’énergies contraires, le Buenos-Aires dépeint par Daido Moriyama est ainsi tantôt paisible (clichés d’animaux errants démesurés ou de paysages de rues désertées) tantôt bruyant et trépignant. Des enfants courent. Des couples s’enlacent et entament un tango effréné. Un manège tourne à tout vent. Les gradins de la Bombonera – stade mythique du quartier de la Boca – abritent les ovations d’une foule
en délire.

Le Pékin d’Alberto Garcia-Alix est, quant à lui, majoritairement empreint de sérénité. Fidèle à ses habitudes, le photographe espagnol s’est attaché à installer la lumière et à organiser ses images autour de diagonales et de lignes de forces comme pour composer des « portraits » graphiques de la ville : fragments d’architectures, portions de gratte-ciel, poteaux et réseaux de télécommunication, arbres dénudés…

critique

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