Gilles de Beauchêne, Hervé Perdriel, Jean Robert Franco, Marko Echeverria, Michaël Couvreur, Philippe Bruneteau, Philippe Jozelon
Fantasmes. Une vision artistique du désir
Pouvons-nous encore rêver? Nous est-il toujours permis de préserver notre sphère intime, pleine de désirs et de fantasmes inavoués, nonobstant le conformisme ambiant et le devoir de transparence absolue imposé par internet, entre autres?
Telles sont les interrogations auxquelles sept artistes tentent de répondre en laissant parler leur précieuse singularité.
Ainsi, Gilles de Beauchêne sollicite nos sens à l’extrême en nous plongeant dans un espace confiné, capitonné, qui n’est pas sans rappeler le tristement perdu sein maternel. Douceur des textures, chaleur de la peau, l’artiste nous offre une création dérangeante et obsessionnelle, laquelle nous emporte dans une régression fantasmatique capable de trouver un écho en chacun de nous.
Hervé Perdriel, quant à lui, s’intéresse à la reproduction de l’espèce: des hanches pudiquement couvertes se muent en bouées de sauvetage de l’humanité tandis que la composition hélicoïdale des soutiens-gorge devient, telle une espérance de bonheur, un trèfle à quatre feuilles. Cependant, les fils torsadés de la trame distancient ces seins à la fois offerts et censurés.
Au final, chaque mouvement de transgression s’achève en interdit avant que le tabou ne se métamorphose à son tour en promesse.
Mouvement capté à l’improviste, rareté de l’instant volé, délice délictueux, Jean Robert Franco, pour sa part, nous donne à entendre une transe orgasmique qui nous frappe de plein fouet de par son impudique démesure, et nous précipite dans cette étrange combinaison de plaisir et de douleur qui l’accompagne toujours.
Concernant l’artiste peintre Marko Echeverria, son travail multimédia, en constante mutation, se veut un passage entre le monde personnel, affectif et la réalité dite objective. Se rencontrent alors des procédés multiples où la technologie métamorphose et travestit les motivations esthétiques de l’auteur.
Michaël Couvreur, de son côté, habille les mannequins de vitrine, avec pour tissu: timbres, images de BD, cartes routières etc., comme une seconde peau. Son activité minutieuse procure une apparence hiératique autant que soumise à des figures figées, en attente d’éternité.
Le travail plastique de Philippe Bruneteau, qui s’inscrit dans le champ de la sculpture, est également de la partie puisqu’il donne à voir un univers cohérent dont les paradoxes apparents suscitent interrogations et dialogue. Le hasard est en effet équilibré par la maîtrise des matériaux et les effets obtenus; la poésie allège le message et les jeux de mots sont intégrés aux formes.
Enfin, Philippe Jozelon, sensible aux ambiances étranges aussi bien qu’aux odeurs invraisemblables, propose des œuvres composites qui nous emmènent vers des territoires évocateurs et puissants. «Grand amateur de rencontres folles, dit-il, je projette mes modèles, vulnérables, dans mes désirs de textures et de tempêtes émotionnelles».
Laissez-vous donc tenter par l’univers atypique de ces artistes, lesquels parviennent à évoquer, du haut de leur singularité, nos désirs et fantasmes les plus secrets.