William Ropp
Faces
La scénographie particulière des images de William Ropp provient, à l’origine, du théâtre où il a fait ses premières armes avant de co-fonder la compagnie Théâtre X. Cette expérience acquise, la photographie intervient comme une machine à capter les rêves, à prendre en compte une autre réalité.
A partir de 1988, il opte pour le noir et blanc et photographie des corps dans des miroirs déformants, afin de prolonger un certain malentendu sur la posture. Ces photographies nourrissent un goût pour le paradoxe, en saisissant de manière mécanique un surréalisme pur, et connaissent rapidement le succès.
En 1993, il s’intéresse aux attitudes non maîtrisées des êtres humains, en les plongeant dans le noir du studio pour mieux les révéler, en les peignant doucement, d’un faisceau de lumière léchant leurs contours. Grâce à ce procédé de dévoilement, l’intrusion de la lumière provoque l’accident de la forme. William Ropp fait alors peser son regard sur les défauts de la peau, les creux, les pleins, les aspérités de la matière. Il modifie les structures du corps et des visages, comme pour aller au bout d’un projet de la nature sans cesse contrarié par la volonté de paraître. Ses photographies cherchent ce moment rare du relâchement de l’individu dans sa lutte contre lui-même et le monde.
Sur un coup de tête en 2007, il rompt momentanément avec le studio qu’il déporte dans le paysage africain. Il créé alors une série imprégnée d’un onirisme puissant, où il saisit l’incarnation animiste d’enfants dans la nature.
Aujourd’hui, son travail s’oriente vers la couleur, «seulement depuis qu’elle est devenue totalement maîtrisable» dit-il. Il se focalise sur les mêmes thèmes mais les revisite sous l’angle de tableaux classiques. William Ropp cherche à confronter l’hyperréalisme de la photographie aux ombres sculpturales de la peinture. Dans ces images, dont on ne peut plus lire l’apport dominant, certains personnages sont déifiés, magnifiés, d’autres embaumés.
Le photographe porte-il un regard ironique sur ces sujets? Non, au contraire, il y a trop d’affection chez William Ropp…