Les Å“uvres de l’exposition « Face-to-face » font le tour de la « question de la femme » — éternelle question : son histoire, son identité, son inconscient. La rencontre entre la culture africaine, marquée par la magie, le colonialisme, le racisme… et l’iconographie féminine est particulièrement riche en contrastes et en échos. Les symboles, les fantasmes, réinventent une réalité changeante et multiple, lui donnent une autre étoffe, de nouveaux reflets.
La figure dévoilée
Les visages aux yeux agrandis, les vifs contrastes du maquillage, la fixité des masques dégagent une impression de vie étrange, arrêtée et magnifiée. L’artiste togolaise Atsoupé fait vibrer le bleu de Prusse, le rouge carmin, le vert de jade, dans des feux de joie qui prennent figure humaine, et interrogent le spectateur.
Plus abrupte encore est la peinture de l’afro-américaine Warsame Uman, transgenre et auteur de la série TWOC (Trans Women Of Color) : elle utilise la parodie pour dénoncer. Ses Å“uvres sont une démonstration par l’absurde et le burlesque. Le noir profond, le blanc tranchant, les couleurs feraient presque oublier les collages d’yeux et de bouche, fondus dans la superposition des matières et des identités.
Matière et sensorialité
Toutes les œuvres de « Face-to-Face » ont recours à plusieurs media, comme si leur richesse expressive ne se contentait pas des deux dimensions de la toile. Peinture, collage, aquarelle, couture, les artistes-femmes utilisent en virtuoses toutes les matières pour exprimer la diversité des histoires africaines.
Tuli Mekondjo, angolaise, s’approprie avec beaucoup d’ironie ces multiples media. Elle mêle arts nobles et cuisine, broderie, peinture, collage, résine et mil mahangu, un aliment de base de l’alimentation en Afrique rurale. Tous ses tableaux cachent une couture centrale, discrète mais présente, une blessure « qui n’a jamais guéri mais qui ne saignait pas ».
Xiomara de Oliver a aussi recours à de nombreuses techniques, mais plus que la diversité, c’est le contraste qu’elle met en relief. Allegory of some bombshell girls, Chronicles of some importance sont des Å“uvres qui veulent choquer, et qui y réussissent. Ses Vénus de papier glacé nous mettent face au creux du fantasme, sous la shell, sous la coquille de l’idéal.
Marielle Plaisir, de son côté, réfléchit à la notion de valeur. Elle mélange encre, fil doré, et pierre swarovski, comme elle mélange vie et fiction, une vie parfois « trop belle pour être vraie », des fictions quelquefois « plus vraies que nature ».