L’exposition « Fabrica Mundi » à l’espace d’art Alma, à Paris, présente le travail de Diana Righini. Des œuvres textiles, installations en matériaux de récupération et autres collages invitent à une révision de notre perception des objets et du monde.
Le recyclage est au cœur de la démarche de Diana Righini
Plusieurs drapeaux, étendus au bout de tiges de bois, se posent en symbole de territoires et de causes encore à inventer. Réalisée en 2015, celui intitulé Drapeau de chutes est un patchwork de chutes de tissus polyester unis, de diverses teintes. Les fragments sont petits et le rectangle de tissu est une mosaïque d’une multitude de couleurs et de formes. Certains morceaux de tissu, partiellement non cousus, débordent des limites du drapeau. Sur une autre réalisation, intitulée Drapeau de dissidence, les pièces de tissu rapportées sont utilisées pour former des motifs figuratifs cousus sur un fond beige : ici une acrobate marchant en équilibre sur un fil, là deux artisans travaillant de façon traditionnelle.
La démarche de Diana Righini repose sur la collecte de matériaux mis au rebut, d’objets abandonnés et d’images et d’informations qu’elle recycle dans des œuvres inscrites dans la lignée des dadaïstes, des surréalistes et des nouveaux réalistes. L’art du collage que se réapproprie Diana Righini met en avant le processus créatif par rapport à l’œuvre qui en résulte.
Relativiser nos représentations du monde
L’acte de réassemblage d’éléments disparates dans de nouvelles compositions est cependant porteur de sens et rejoint le leitmotiv qui guide l’ensemble du travail de Diana Righini. Les matériaux et objets se voient assigner des fonctions, une portée et une signification souvent fort différentes de celles d’origine. Ainsi l’œuvre Odds and Ends – Des bribes et des morceaux, une cabane faite de planches de bois de toutes sortes, peintes ou non. L’enjeu est d’engager une reconsidération des matériaux en question et plus globalement des objets qui nous entourent et donc du monde qu’ils composent. Relativiser nos certitudes sur leur valeur et sur la place et le rôle que nous leur assignons. Autrement dit, nous débarrasser des préjugés et catégories qui conditionnent notre perception.
Cet enjeu est manifeste dans les œuvres Nous sommes tous le Sud de quelqu’un d’autre et The Map Is Not The Territory. La première est un patchwork textile sur fond d’un damier noir et blanc sur lequel les pays sont mélangés et assemblés d’une façon aléatoire, reconfigurant complètement la géographie mondiale. Sur le second, des gravures à la pointe et à l’aquatinte sur plaques de zinc superpose des tracés qui pourraient être ceux de territoires. Les deux œuvres soulignent le caractère relatif et subjectif de nos représentations du monde qui reflètent moins une réalité objective que la volonté de s’approprier des territoires ou de justifier d’arbitraires séparations entre les hommes.
Le second volet de l’exposition se déroulera à la librairie la Petite Égypte, 35, rue des Petits Carreaux dans le 2ème arrondissement de Paris, du 2 février au 2 mars 2017.
critique
Fabrica mundi