Michael von Graffenried
Eye on Africa
En parallèle avec l’exposition «Outing, Michael von Graffenried» à la Maison européenne de la photographie à Paris, la galerie Esther Woerdehoff est heureuse de présenter le projet le plus récent de Michael von Graffenried, «Eye on africa». Les trente-deux photographies panoramiques qui composent ce travail, produites au cours de deux voyages d’un mois au Cameroun en 2008, ont été affichées en mars 2009 sur les panneaux publicitaires de cinq villes suisses.
Pour expliquer son travail, Michael von Graffenried parle souvent de rencontres. Il veut faire se confronter des gens qui ne se rencontreraient pas autrement. Pour provoquer ces rencontres, il cherche à photographier des gens dans des situations réelles. Il transfère ensuite les images dans l’environnement de l’observateur, ce qui explique notamment le grand format qu’il utilise pour faire plonger le spectateur directement au coeur de l’événement.
Comme le raconte bien la journaliste Albertine Bourget, qui l’a accompagné pendant ce voyage en Afrique: «Parfois, en voyant Michael appuyer sur le déclencheur, je me demande ce qu’il peut bien photographier: je ne vois rien, moi. C’est que pour lui, tout est matière. Enfin, presque. Les sujets les plus attendus, les bébés, les girafes, les somptueux paysages, il les laisse à d’autres. Il veut du quotidien, du banal en somme.
S’il pouvait, il photographierait tout le temps. Le panoramique, ce n’est rien d’autre que de la gourmandise, un format qui lui permet de tout balayer d’un regard. (…) Ensemble, ces images racontent une histoire. Elles ne prétendent pas être exhausives. Il faudrait une vie pour dire la complexité et les facettes de ce pays aux deux cent cinquante ethnies et aux dix-sept millions d’habitants. Devant ce regard subjectif, à chacun de se raconter la suite, d’imaginer tout ce qui n’est pas dans le cadre. Parfois, je me dis que le Cameroun n’était qu’un rêve. Mais j’ouvre les yeux, je regarde les images et je sais: c’est la réalité.»
L’intention de l’artiste est bien de laisser glisser le spectateur dans l’image panoramique et, peut-être, diminuer la peur et la distance entre l’Africain et lui-même. «Eye on africa» veut montrer la diversité et la beauté d’un pays d’Afrique, loin des clichés pauvreté/violence que nous associons depuis longtemps à cette partie de la terre.