Extremalism réunit sur scène trente danseurs, issus du Ballet national de Marseille et de la compagnie de danse néerlandaise ICK Amsterdam, fondée par Emio Greco et Pieter C. Scholten. Spectacle du renouveau pour le ballet, Extremalism offre l’exemple de la coopération fructueuse entre un chorégraphe et un metteur en scène.
Un nouveau ballet
Extremalism, première création d’Emilio Greco et Pieter C. Scholten en tant que directeurs du Ballet national de Marseille, se veut une pièce à la fois extrême et minimaliste, comme l’indique son titre. C’est tout d’abord un spectacle extrême, au regard des habitudes d’Emilio Greco et Pieter C. Scholten, car cette pièce réunit trente danseurs issus à la fois du Ballet national de Marseille et leur propre compagnie l’ICK Amsterdam. L’entreprise peut apparaître périlleuse car il importer de réunir étroitement ces différents danseurs en imposant une véritable cohésion et une réelle confiance pour constituer nouveau ballet.
A ce premier effort de création, dont Extremalism est en quelque sorte le résultat artistique direct, s’ajoute le minimalisme qui semble avant tout orienter le développement de ce spectacle. Une gamme de couleurs réduite, où dominent sépias et or jauni, a été choisie et ne varie jamais. Si les variations gestuelles ou visuelles sont faibles, le nombre d’interprètes permet toutefois de créer des tableaux sophistiqués.
Extremalism
Un tel minimalisme est visible dès le commencement d’Extremalism. La pièce s’ouvre sur une scène vide plongée dans le noir, les éclairages sont dirigés sur les spectateurs puis, soudain, une explosion se fait entendre. Cette mise en scène donne le ton : une atmosphère inquiète naît et persistera jusqu’à la fin du spectacle.
Vêtus de longues robes noires et visages voilés, les danseurs marchent lentement au rythme de sons de tirs réguliers qui évoquent un état de guerre. Lorsque tombent les robes noires, les danseurs ne sont plus vêtus que de fins sous-vêtements de couleur terre presque transparents et coiffés de masques de cordes tombant sur leurs épaules. Des temps ancestraux semblent alors resurgir, conduisant à se remémorer l’inévitable lutte pour la vie et les conflits tribaux. Les corps se raidissent et se déchaînent, le territoire doit être défendu, l’espace conquis.
Il se dégage alors de la chorégraphie une impression de puissance et d’énergie qui accompagne l’évolution parfaitement cohérente des danseurs. Ces derniers font corps, formant une communauté liée, au rythme de la musique classique et électronique. La composition du musicien islandais Valgeir Sigurðsson et la mise en scène de Pieter C. Scholten ne manquent pas d’amplifier la présence de cette communauté humaine en cours de formation, alors qu’au-dessus de la scène, tourne un imposant anneau lumineux qui symbolise le cours du temps. Descendant lentement, et se posant en oblique sur la scène, il enserre les danseurs, puis remonte.
Extremalism met les corps à l’épreuve et dessine les contours d’une humanité en proie aux convulsions de son propre devenir, et dont le destin tient à sa capacité à ne faire qu’une.