Olivier Filippi
Extraits
Pour Olivier Filippi, il ne s’agit pas tant d’extraire des motifs ou des sujets que de «trouver des équivalents aux choses dans leur devenir: la lumière sur une façade, la couleur du ciel, les rochers et l’eau, le parcours d’une architecture, la musique, les sons, le mouvement…».
Les éléments constitutifs des tableaux sont souvent issus d’autres tableaux, mais modifiés. Ils s’engendrent l’un l’autre. Leur apparition à un moment donné est comme une actualisation. Il ne s’agit pas non plus de reproduire des images mais de «donner présence à une chose par les moyens de la peinture». Les formes sont à la fois précises et incertaines.
«J’ai toujours produit des séries ou des ensembles. A travers celles-ci, je cherche probablement à produire une couleur qui aurait une durée, qui se déploierait au-delà de l’espace restreint du tableau. Il me faut un point de départ, une structure aussi légère que possible pour produire une situation qui favorise une suite. Il s’agit de favoriser une concentration suffisante du regard, de l’attention, sur une chose (un tableau) tout en rendant possible ce qui précède et/ou ce qui suit. Cela prolonge l’expérience, en la faisant apparaître sous divers éclairages, jusqu’à , possiblement, la rendre méconnaissable, ou en tous cas éloignée du point de départ.» (Olivier Filippi)
Olivier Filippi accepte l’altération des systèmes qu’il met en place, et même il l’attend. Les manques sont d’une importance égale à ce qui est là . Tel accord de couleurs (par exemple noir/vert/rose) n’est peut être pas vraiment à son goût, mais il lui plaît suffisamment pour lui donner envie de réaliser d’autres tableaux. Les couleurs qui s’assemblent se choisissent en quelque sorte. Leur concordance est suffisamment problématique. La structure est très dessinée (et ce dessin a une importance), mais c’est la couleur qui la rend visible et lui confère un certain intérêt.
«Comment y arriver?» a toujours été la question. Peindre est comme articuler une très longue phrase ou une mélodie. Aucun langage intégral n’est en mesure d’en rendre compte. Selon Hugo Pernet, «Le travail du peintre ne consiste plus à traduire plastiquement, par une manière personnelle ou impersonnelle, ses intentions artistiques (…), plutôt à réunir les conditions nécessaire à la naissance d’une entité (…) capable, lors de sa création, de souffler à son créateur les caractéristiques formelles de son existence.»