Lieu
Galerie Hors Sol
Communiqué de presse
Le propos n’est évidemment pas de raconter ce que fut cette guerre. Le choix de la Guerre du Golfe, légèrement décalé dans le temps, déjà historique, permet de se positionner intelligemment en retrait de l’actualité.
Le choix de Michel LeBrun-Franzaroli est de revenir sur les questions posées par les images diffusées, sur ces séquences télévisuelles intemporelles-insituables, censées relater un événement pourtant daté et localisé.
Bien qu’exclues des champs d’opération, ne pouvant filmer en direct, les télévisions diffusèrent tout de même des images, car cela était non seulement nécessaire, mais posait le fondement de leur légitimité. Les militaires fournissaient par l’intermédiaire de leur propre service de presse les images reprises mondialement et vantant l’air/l’ère de la guerre moderne et propre.
En dépit du matraquage médiatique intense, personne n’est capable de savoir où et quand ont été pris ces clichés, quel est le nombre exact de morts que provoqua cette guerre, …
Comment avons-nous été informés ?
L’artiste présente un ensemble saturant de captures d’écran et de reportages diffusés à l’époque, et nous immerge dans une soupe médiatique mettant en relief l’interrogation d’une impossible information lorsque les enjeux politiques se font écrasants.
Il n’était pas question de montrer ces clichés sous de luxueux cibachromes qui auraient induit une distanciation esthétique gommant l’acuité du propos. L’impression numérique s’est imposée comme une évidence, pour une guerre dite électronique.
Le très important agrandissement des images provoque une dégradation qualitative, l’apparition de déformations parasites qui expriment le malaise, la manipulation, les mensonges sous-jacents qu’il faut mettre en rapport avec la «qualité » de l’information diffusée. L’image est dépréciée, salie, illustrant la faible qualité sémantique du discours et faisant pour alors ressortir la véritable esthétique de l’image.
Ainsi est posé également, le problème plus général lié aux faits qu’il ne nous est pas possible de vivre en réalité, en étant physiquement sur le terrain. Nous devons nous faire une opinion personnelle à partir d’images tellement réalistes que nous vivons les événements par procuration médiatique.
C’est pourtant ce type de relation au monde qui est le fondement de l’opinion publique. Où donc alors se situe la « réelle » liberté des choix démocratiques ? Faire écran signifie également cacher. Or l’écran est le lieu de l’apparition de l’image.
Cleptomane de l’image, Michel LeBrun-Franzaroli s’intéresse aux images médiocres de grande diffusion. Perturbant la temporalité de ces images, ils les soustrait à toute tentative univoque et rend au spectateur sa puissance critique de jugement. Le constat de la dilution du pouvoir est inévitable. Qui est l’auteur de la guerre ? Qui est l’auteur de l’image ? Qui est l’auteur de l’œuvre ?
Infos pratiques
> Lieu
Galerie Hors Sol
4, rue Chérubini. Paris 2e
M°Pyramides, Bourse ou Palais-Royal
> Horaires
du mercredi au samedi de 15h à 19h et sur rdv.
> Contact
T. 01 48 05 78 58
contact@galerie-hors-sol.com
www.galerie-hors-sol.com
> Entrée libre
L’exposition est présentée jusqu’au 11 novembre 2006.