L’exposition « Still » à la galerie parisienne Galerie NeC nilsson et chiglien présente pour la première fois les œuvres de Jérôme Mayer. Des images de toutes sortes tentent de conjurer la fuite du temps.
Les photogrammes de Jérôme Mayer cristallisent l’épreuve du temps.
L’enregistrement et l’empreinte sont au cÅ“ur de la démarche de Jérôme Mayer, entièrement consacrée au compte et au décompte de l’existence. Cette capture d’instants s’effectue par des médiums très variés : enregistrements vidéos numériques, images analogiques et argentiques, dispositifs intégrant également des dessins ou objets… Ainsi une série de photogrammes imprimés sur plaque d’aluminium donne à voir des bribes de temps suspendus, parfois indéfinissables, toujours flous : une table dressée, un ciel encombré de nuages, une fenêtre…
Les photogrammes, extraits de films, en sont à chaque fois la dernière image. Ainsi est révélé où s’interrompt le présent dans la quête de son enregistrement. Ces images, qui n’existent qu’au moment où s’arrête la captation, et que parce qu’elles achèvent ce qui a été filmé, cristallisent l’épreuve du temps. Imprimées sur des feuilles d’aluminium, elles forment le point de confrontation entre un passé reflété en miroir et le présent de l’exposition.
Les images conjurent le deuil impossible des instants passés.
L’enjeu de chaque image semble être de fixer des moments passés pour leur donner vie au présent. Parmi des supports de recherche protéiformes, l’instrument filmique est prépondérant. A travers ce choix d’outils vidéographiques s’opère une logique de contemplation : l’instrument, par sa captation du défilement du temps, devient le capteur direct de la fuite du présent. Tel un veilleur, l’artiste se fait observateur du temps qui passe.
Les vidéos de Jérôme Mayer parviennent à tirer de l’invisible les instants de vie rapidement effacés de la succession de souvenirs. Captant les flux temporels, la course des expériences dans toute leur envergure, de leur vie à leur mort programmée, la caméra les fait ensuite renaître à l’infini, transcendant les notions de vie et de mort. Les instants achevés dépassent ainsi leur propre fin, dans une sorte de rituel qui dit le deuil impossible du présent devenu passé.