Ziad Antar
Expired
Ziad Antar est né en 1978 à Saida au Liban. Il vit désormais entre Saida et Paris. Il a fait l’objet en 2012 d’une exposition personnelle Coastline à la Sharjah Art Foundation dont le commissariat fut confié à Christine Macel, et a participé la même année à la Triennale du Palais de Tokyo. En 2010, il a exposé au Witte de With à Rotterdam, au Seoul Museum of Art et au Centre Photographique d’Ile-de-France.
En 2000, Ziad Antar a commencé à utiliser des pellicules en noir et blanc, périmées depuis 1976, qu’il a dénichées dans le mythique studio Scheherazade du photographe Hashem El Madani, originaire de sa ville natale au Liban. L’appareil qu’il utilise pour cette série intitulée Expired est lui-même ancien, un Kodak Reflex datant de 1948.
Le sujet est pourtant des plus contemporains, des bâtiments sensés évoquer la modernité, des gestes architecturaux grandioses, tels le Queensboro Bridge à New York ou la tour la plus haute du monde, Burj Khalifa I à Dubai. L’artiste travaille rapidement, il capture ces clichés au rythme de son pas, puis procède à un tirage argentique. L’image qui en sort est souvent floue, passée, le film est recouvert de tâches qui créent des motifs à chaque fois différents. Ce processus écarte davantage Ziad Antar d’une démarche documentaire classique. Et par le biais de ce matériel d’un autre temps, qui peut mener très sûrement à l’idée que l’on se fait de l’échec photographique, Ziad Antar s’interroge sur la genèse d’une image, ses qualités propres, impropres, et ce qui rend cette image digne de valeur.
Comme pour ces travaux antérieurs, la notion de série ici prédomine, chaque image fait partie d’un corpus d’œuvre. Citons par exemple Portrait of a Territory, le dernier projet en date de Ziad Antar, exposé à Sharjah et réalisé entre 2004 et 2011, à l’issue de nombreux road trips le long de la côte qui longe ces émirats. Encore une fois, il utilise des appareils photographiques désuets, un Rollefleix et un Holga, et prend ces photos d’apparence banale, des palmiers, un parc d’attraction, un bord de mer, au milieu de la journée, se défiant de la lumière et de ses conventions.
Lors de l’exposition «The Mediterranean Approach» à la dernière Biennale de Venise, Ziad Antar présenta Beirout Bereift, un ensemble photographique comprenant des images d’immeubles abandonnés à Beyrouth, construits entre les années 60 et 90, vestiges d’un contexte politique et économique des plus chaotiques. À force de répéter les mêmes gestes, de manipuler son matériel afin d’expérimenter plus librement, Ziad Antar constitue les archives caduques et singulières d’une région et d’un médium artistique en pleine mutation.
Julie Boukobza
critique
Expired