Marc Turlan
Exo Star
Il y a des exoplanètes qui orbitent autour d’autres soleils alors il y a donc aussi des «exo stars», étoiles de planètes non révélées. La star, l’étoile, est le symbole convenu de la notoriété, cette notoriété qu’élaborent continûment les images des magazines, force qui met en orbite ceux qui les regardent.
La notoriété, ou plutôt sa représentation, ne fonctionne qu’en tant qu’elle suscite le fantasme. Cette fabrique de fantasmes est une fabrique d’images qui toutes obéissent aux mêmes procédés. Elle se rapproche de la fabrication des icônes religieuses, peintes selon des protocoles très précis puis nommées pour qu’elles ne soient plus seulement une représentation mais deviennent par transfiguration le Christ, la Vierge, le saint eux-mêmes.
Dans les magazines, l’épigraphe, ce nom inscrit sur l’icône, est remplacée par la légende et par l’article adjacent. Le processus fantasmatique d’identification désirante engagé, il s’agit alors pour le spectateur de rejoindre la star par une construction tout autant fantasmée de sa propre image. Viennent ainsi la musculation, les cosmétiques et les vêtements, comme styles de vie de star vantés et proposés par la publicité. Car derrière la notoriété se tient surtout les marchés de la notoriété qui ont pour objectif assidu de tous nous transformer en exo star. C’est le motif du travail de Marc Turlan, ni dénonciation ni description de la machine à notoriété, ni même source d’ «inspiration» mais de matériaux bruts qui sont travaillés et représentés.
Dans les musées des Beaux Arts, il y a les salles de peinture, les salles de sculpture et aussi d’autres salles consacrées à des formes hybrides. L’exposition reprend ce principe de présentation.
La salle de la sculpture: extase ou épuisement
La ligne de force est la salle de musculation, comme lieu d’exposition de soi et de fabrication sous influence de sa propre image. Mais ici les matériaux privilégiés sont les tasseaux de bois qui dessinent des appareils curieusement érotiques qui aboutissent à une forme récurrente sinon obsédante: les étoiles qui sont des étoiles «lourdes» en marbre. Plusieurs sculptures occupent la salle. Des murs «sortent» des bustes, des mains, en tasseaux appareillés de chaines auxquelles sont suspendues des étoiles. L’impression générale est celle d’une torture consentie.
La salle des collages sonores: dialogues solitaires
Des sculptures matérielles, le visiteur est conduit vers des sculptures sonores présentées en boucle et qui sont aussi des collages. Un texte se construit avec des éléments d’interviews de personnes célèbres. Les pièces évoquent la création et la notoriété. La voix de l’artiste et les voix des personnes célèbres se mêlent dans un dialogue-monologue entrecoupé de silences.
La salle de l’image: icônes
Il s’agit d’icônes disposées sur des étagères. Rien ou presque n’est accroché aux murs. Il n’y a pas de cimaises. Le matériau brut utilisé ici est l’image «pauvre» de magazines associés et la technique est celle du travail du miroir travaillé en collages, en mosaïque ou en incrustation. Le travail produit ainsi une forme doublement composite, dans sa fabrication et dans son intention.
Vernissage
Samedi 10 septembre. 18h