ART | EXPO

Ex nugis seria

13 Nov - 20 Déc 2009
Vernissage le 12 Nov 2009

La Maison d’art Bernard-Antonioz consacre une nouvelle exposition à une collection de photographies. La collection de Freddy Denaës, grand voyageur, tout particulièrement en Afrique, est l’occasion de retrouver les grandes figures de la photographie africaine, et surtout d’en découvrir de nouvelles.

Communiqué de presse
Jane Alexander, Daoud Aoulad Syad, Roger Ballen, Luis Basto, Hicham Benohoud, Jodi Bieber, José Cabral, Mohamed Camara, Calvin Dondo, Samuel Fosso, David Goldblatt, Mamadou Konaté, Ananias Leki Dago, Boubacar Touré Mandemory, Pierrot Men, Zwelethu Mthethwa, Kok Nam, Sam Nhlengethwa, Mauro Pinto, Ricardo Rangel, Sergio Santimano, Jurgen Schadeberg, Malick Sidibé, Youssouf Sogodogo, Andrew Tshabangu, Guy Tillim, James-Iroha Uchechukwu, Naïta Ussene, Nontsikelelo Veleko, Antoine d’Agata, José Ramon Bas, François Canard, Thomas Chable, Bernard Descamps, Johan van der Keuken, William Klein…
Ex nugis seria

Un choix de Régis Durand dans la collection de photographies de Freddy Denaës

Collectionner, c’est se construire un musée imaginaire, un musée personnalisé. C’est aussi se construire un regard.

Exposer (cette collection), c’est accepter de dévoiler (ce regard), et proposer un «usage du monde» à travers le classement des images et les correspondances qui se font jour entre elles – réparties par thèmes, par familles.

Un usage du monde, de ses codes et de ses enjeux… d’Afrique en Asie, d’Europe en Amérique Latine, la planète Terre, via la photographie, nous offre un voyage immobile et cette collection en constitue un improbable album en forme d’Atlas, où le continent africain occupe une place centrale – sans doute parce qu’il m’est tôt apparu comme le continent occulté, la chambre noire de la photographie, où se forment des images majeures de notre temps, mais dont trop rares sont les tirages en libre-circulation… parce qu’il arrive aux images ce qui advient aux hommes ? Alors, chacune de ces images-là offre un usage politique de ce monde, et le regard sur la photographie devient une nécessaire éthique du rapport à l’autre. Il en découle nécessairement une collection pensée comme un art de la rencontre et de la découverte d’étranges étrangers.

L’image-icône / l’image-idole
À la naissance de la collection, à la naissance probablement de toutes collection, puis jalonnant la construction de celles-ci de façon aléatoire (elles sont l’aspect profondément non-scientifique d’une passion, le terreau irrationnel d’une construction), il y a quelques images particulières, que l’on peut où pas faire entrer dans des thématiques, dans des univers, mais qui sont là pour l’écho unique et singulier qu’elles provoquent en nous : je les appelle les images-icônes ou images-idoles, elles sont peut-être une vingtaine me concernant.

Séries, séquences, mouvement
Où il est question du rapport incestueux entre les figuratifs par obligation: photographie et cinéma.

Jean-Luc Godard (dont le portrait réalisé par Richard Dumas figure dans cette collection…) faisait un jour dire à un personnage de celluloïd : «la photographie, c’est la vérité ; le cinéma, c’est la vérité 24 fois par seconde» (dans Le Petit Soldat, non ?). Mais la photographie peut être parfois entre les deux – comme une figure de l’inter-images… – ni une ni vingt-quatre, mais plusieurs fois unique, illusion arrêtée d’un mouvement rendu perpétuel par sa fixité photographique même. C’est ce mouvement sériel que travaillent tant Muybridge que Keuken (tous deux cinéastes…) comme les travaillent le fantasme de la planche-contact qui soudain s’anime, convoquant les fantômes des images non-réalisées, celles du temps entre les images elles-mêmes.

Ex nugis seria
Passer au révélateur de la photographie…
En traduction non-littérale, c’est l’idée d’un tout constitué de petits riens. Ma collection est faite de ces traces de trente ans de vie de par le monde, de trente ans de rencontres, de trente ans de déambulations dans ce monde en compagnie de ces rencontres. Elle tient sans doute autant du cabinet de curiosité que de l’autoportrait (un autoportrait anti-Wildien : ces photos restent jeunes à ma place !), et il a sûrement fallu attendre cette exposition pour dégager une structure consciente et que la jachère sans cesse nourrie devienne champ cultivé – un champ aux innombrables contrechamps, ici et ailleurs. Freddy Denaës

Pour la quatrième année consécutive, la Maison d’art Bernard-Antonioz consacre son exposition d’automne à une collection de photographies. Collection privée, «particulière», comme on dit parfois si bien, dans la mesure où nous privilégions celles qui ne prétendent pas rivaliser avec les institutions et leur quasi-obligation d’orthodoxie, mais plutôt celles qui portent la marque d’une approche et d’une passion bien particulières.

De sa collection, Freddy Denaës dit qu’elle est faite de «petits riens», ces petits riens qui mis ensemble font les grandes et belles choses. C’est le sens qu’il faut donner au titre qu’il a choisi, ex nugis seria. Derrière la modestie du propos se cache une vérité plus profonde, qui est celle de toute collection, et peut-être de toute vie – je veux parler du lent processus d’accrétion, au fil des rencontres et des voyages, qui fait l’histoire d’une vie et d’une oeuvre.

Freddy Denaës est un grand voyageur, tout particulièrement en Afrique. Et sa collection est l’occasion de retrouver les grandes figures de la photographie africaine, et surtout d’en découvrir de nouvelles. C’est aussi l’occasion de nous faire partager des regards extérieurs sur ce continent, comme pour nous rappeler que les choses n’existent que dans le regard que l’on porte sur elles, et que ce regard est tributaire de l’histoire dans laquelle il s’inscrit.

Mais il est aussi homme de cinéma, et il n’est pas surprenant que le mouvement travaille au coeur de certaines images photographiques de sa collection. Enfin, il y a au coeur de cette collection un territoire plus intime, celui des «icônes» personnelles du collectionneur – ce petit nombre d’oeuvres auxquelles tous, collectionneurs ou pas, nous sommes secrètement attachés, car elles nourrissent notre imaginaire, et donnent du sens au monde qui nous entoure. Régis Durand: commissaire de l’exposition

Photographes exposés
Un usage du monde, les africains
Jane Alexander, Daoud Aoulad Syad, Roger Ballen, Luis Basto, Hicham Benohoud, Jodi Bieber, José Cabral, Mohamed Camara, Calvin Dondo, Samuel Fosso, David Goldblatt, Mamadou Konaté, Ananias Leki Dago, Boubacar Touré Mandemory, Pierrot Men, Zwelethu Mthethwa, Kok Nam, Sam Nhlengethwa, Mauro Pinto, Ricardo Rangel, Sergio Santimano, Jurgen Schadeberg, Malick Sidibé, Youssouf Sogodogo, Andrew Tshabangu, Guy Tillim, James-Iroha Uchechukwu, Naïta Ussene, Nontsikelelo Veleko.

Un usage du monde, les autres
Antoine d’Agata, José Ramon Bas, François Canard, Thomas Chable, Bernard Descamps, Johan van der Keuken, William Klein, Laurence Leblanc, Isabel Munoz, Marc Riboud, William Ropp.

Images-icones / image idoles
Claudia Andujar, Jehsong Baak, Claude Batho, Gao Bo, Juan Manuel Castro Prieto, Larry Clark, Serge Clément, Laurent Dejente, Bernard Faucon, Mario Giacomelli, Hervé Guibert, Lewis Hine, Mona Kuhn, Jair Lanes, Ouka Leele, Will McBride, Max Pam, Anders Petersen, Marc Riboud, Willy Ronis, Gotthard Schuh, Christer Strömholm, Ed Templeton, Joyce Tenneson, Arthur Tress.

Séries, séquences, mouvement
Michaël Ackerman, Antoine d’Agata, Denis Darzacq, Richard Dumas, André Forestier, Catherine Gfeller, Louis Jammes, Johan van der Keuken, Laurence Leblanc, Valéry Lorenzo, Eadweard James Muybridge, Jan Saudek

Vernissage
Jeudi 12 novembre 2009. A partir de 19h.

Evénement
La Maison d’art Bernard Anthonioz organise deux visites commentées gratuites de l’exposition Ex nugis seria.
— Mardi 24 novembre. 12h-13h.
— Mardi 01 décembre. 18h30-19h30.
Visites limitées à 25 personnes sur réservation au 01 48 71 90 07.

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