Klat
Ex caligine, nova insigna : anaphoros | Gegenschein
« Ex caligine, nova insigna : anaphoros | Gegenschein » (2008) est la première exposition monographique en France du groupe Klat, et seulement la deuxième exposition en galerie de ce collectif d’artistes romands (après « One for the Money, Two for the Show », à la galerie Francesca Pia, Bern, 2001).
Pourtant, Klat n’en est pas à son premier coup d’essai. Klat a commencé a travailler il y a bientôt quinze ans, alors que ses membres étaient encore adolescents et autodidactes, fait assez rare dans le monde de l’art pour être souligné.
Klat comptabilise aujourd’hui plus d’une cinquantaine d’expositions, tous formats confondus, et a même représenté la Suisse dans des manifestations internationales à deux reprises (2e Biennale de Montreal, Palais du commerce, 2000 ; Biennale Internationale de Pusan, Corée, 2002).
Il se trouve que très tôt dans sa carrière, Klat a décidé d’investir de manière quasi-exclusive le domaine « public » de l’art, en opposition à celui « privé » que représenteraient les galeries.
Il n’est pas tant question ici d’un refus du marché et des valeurs qui lui sont associées, que d’une volonté de concentrer leur critique sur les institutions culturelles publiques – du musée municipal aux espaces culturels alternatifs.
Bien que souvent acerbe et teintée d’ironie, cette « critique » n’est jamais cynique. Klat, c’est avant tout une manière d’occuper un territoire, d’y travailler, d’y vivre le mieux possible et, surtout, le plus librement.
Invité en 1997 par Lionel Bovier et Christophe Cherix à Forde, lieu d’exposition alternatif dont ils reprendront la programmation l’année suivante, Klat décide d’investir pendant 24 heures un terrain vague caché par des palissades de chantier.
Ouvert durant le temps de cette « performance » (Klat 1440’), l’espace d’exposition, situé au deuxième étage et qui a été vidé pour l’occasion, devient un simple lieu d’observation d’où il est possible de voir, de l’autre côté de la rue, une bande d’ados camper en pleine ville, dormir, écouter de la musique, recevoir des amis, griller des saucisses.
Pour une exposition monographique au Mamco en 1999, Klat démonte la série de salles qui lui était impartie et reconstruit, à partir du bois récupéré, une gigantesque maison de poupée sur roulettes qui sert d’écrin à une énorme collection de fanzines punk et anarchistes d’époque.
Il y installe également un bureau avec une photocopieuse, un ordinateur, et anime tous les jours cet « info kiosk » improvisé au sein du musée, invitant les spectateurs à photocopier les fanzines qui les intéressent ou à fabriquer les leurs.
Simultanément, à Forde, Klat présente une sélection d’oeuvres pour le moins « difficile », voire inmontrable, trouvée dans les réserves du Mamco. On y trouve un Condo délirant (avant que sa peinture ne revienne au goût du jour), un John Saint-Bernard (une farce orchestrée par le génial Colin De Land), ou encore une toile parsemée de peluches signée Charlemagne Palestine. Présentée sur un plan incliné, chaque oeuvre est éclairée, tour à tour, quelques secondes, avant de replonger dans l’obscurité (Gimme 5, Mamco, et 15° Plan B, Forde, 1999).
Il est difficile d’imaginer l’importance du rôle qu’a joué Klat en Suisse romande depuis plus de dix ans. A travers ses travaux d’artistes, ses activités curatoriales ou les différents lieux publics qu’il a animés, les liens que ce collectif n’a cessé de tisser et continue de renouveler entre différentes scènes, différents milieux culturels et différentes générations, sont comparables aux réseaux mis en place par John Armleder et le groupe Ecart vingt ans auparavant.
A force de construire des maisons, des lieux de travail et de réflexions, de repos et de fête, Klat a réussi à faire de la scène romande un territoire ludique, ouvert, intelligent, et habitable par tous.
« Ex caligine, nova insigna : anaphoros | Gegenschein » est, au sein de l’oeuvre de Klat, un des rares ensembles autonomes, conçu indépendamment de son contexte d’exposition. Ce qui n’empêche pas cette installation, comme toutes celles de Klat auparavant, de susciter son lot de rencontres fortuites et de collaborations.
« Ex caligine, … » était destinée a être montrée à New York dans une manifestation de groupe qui a finalement été annulée, avant d’être exposée quelques heures seulement au Shark, dernier lieu public, mi bar mi espace d’exposition, à être animé par les Klat à Genève. Il se trouve que Laurent Godin passait par là …
Fabrice Stroun
Commissaire d’exposition et critique d’art (1e exposition : « Ketchup », Forde, 1998 ; réalisée sur une invitation du groupe Klat)
Vernissage Samedi 10 janvier 2008.
Special guest : Stephen O’Malley – Performance à 20h.
Stephen O’Malley est le fondateur du groupe Sunn o))), qui durant la dernière décennie a exploré les capacités d’extension minimaliste/maximaliste du son, et ses corrélations avec les cultures de métal underground comme le Black, le Death et le Doom Métal.
O’Malley a déjà travaillé avec des artistes dans le cadre d’installations en galerie, dont le sculpteur américain Néo-goth Banks Violette, le plasticien italien Nico Vascellari, et dans le cas présent, le collectif suisse Klat.
L’aspect physique de la conception sonore de O’Malley se concrétise avec des éléments structuraux et sculpturaux, apportant ainsi à l’espace d’exposition une réinterprétation du poids, de la masse, de la présence et de la force gravitationnelle du son.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Maxime Thieffine sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Ex caligine, nova insigna : anaphoros / Gengenschein