Le terme « révolution » qui, au sens étymologique signifie « retour au point de départ », justifie ici la dimension rétrospective de l’œuvre de Paul-Armand Gette dans l’exposition « Évolution, avec un R, c’est encore mieux ». On y trouve en effet de nombreux documents et Å“uvres anciennes de l’artiste. Toutefois, ce titre ne s’en tient pas à cela et réserve à l’exposition une tournure plus inattendue. Comme le mouvement d’un corps autour d’un point central, le ramenant au même point, la Révolution soufflée à demi mots, suggère un retour à un point d’origine.
Paul-Armand Gette réalise une observation naturaliste faisant retour à ses premières pérégrinations aux bords du Rhône ; il prélève des alluvions du fleuve, réalise une vidéo qu’il complète par un diagramme de Zingg où se trouvent mesurés deux galets subjectifs, l’un choisi par l’artiste et l’autre par Marine, le modèle vivant associé à cette excursion. L’ensemble, intitulé La préférence des bords, ici ceux du Rhône, comprend également des panneaux de photos et relevés des bords du fleuve.
L’oeuvre montre comment la nature est appréhendée au prisme du désir d’optimiser une démonstration ; la pratique artistique, comme la pratique scientifique, est une recherche en perpétuelle évolution et circonvolution, ouverte aux découvertes fortuites comme aux propensions du chercheur.
Les travaux sur la cristallographie, comme ceux autour des insectes, conduisent le spectateur dans les méandres d’une oeuvre poétique à plusieurs voix.
Au terme de l’exposition, la vision finale d’une gigantesque figue baveuse permet de saisir la profondeur de l’univers carrollien dans lequel le spectateur est pris. Enfin, le « 0 m. » (zéro mètre), qui accueille le spectateur et le salue à son départ, agit comme déclencheur d’imaginaire et confirme l’espace de l’art : en tant qu’espace spécifique et indéfini, toujours ouvert aux possibilités d’interprétations et de réactions.