Marina Abramovic, Boris Achour, François Arnal, Francis Bacon, Gilles Barbier, Vanessa Beecroft, Joseph Beuys, Stanley Brouwn, Mark Brusse
Every Body
«Every Body», littéralement «chaque corps», est le titre de l’exposition que propose le Lieu d’Art et Action contemporaine (LAAC) de Dunkerque. Chaque corps pris dans sa singularité et, dans le même temps «bien» commun de tous (everybody), corps qui fait le lien donc. En mettant en résonnance différentes photographies, peintures et installations qui sondent le corps, le LAAC propose des instantanés de réflexion sensibles: sur le rapport du corps à sa propre représentation, à l’esprit, à l’histoire, à l’histoire de l’art et à la création ; sur la relation du corps au désir, à la force et aux tensions qui le dépassent et à la faiblesse qui le guette. Ces interrogations sur le corps de l’exposition «Every Body» se mesurent à l’aune de la philosophie, des religions, de la politique et bien sûr du corps social.
La salle qui inaugure le parcours de l’exposition étudie ce qui est appellé l’«effet miroir»: autrement dit, le corps, à l’instar d’une œuvre, n’existe que si on lui tend un regard. La photographie de John Coplans (Side view, knees with fist, 1984), deux jambes masculines velues et un poing fermé, regarde de près et sans aménité un corps vieillissant. Nous examinons cette partie du corps, ici morcelé et presque serti, avec une attention neuve, allégée de la pression du jeunisme ambiant.
Le corps prend un autre aspect, celui de la nature, dans la salle où s’impriment avec force les mots «À l’origine, nous n’étions pas des sauvages». L’installation de Gilles Barbier, Still Man, montre un homme harnaché de branches en position de méditation. La profusion de fougères offre un siège à son corps. Cet écrin vert investit particulièrement sa tête qui se soustrait au regard et s’abandonne à cette nature sylvestre. Sur la toile à l’encre de chine Personnage DG 15, de Jean Dubuffet, c’est la part de sauvagerie de la nature qui semble trembler au gré d’un flux blanchâtre cerclé de noir, que l’on dirait contenu et donc nerveux.
Dans l’ultime salle de l’exposition «Every Body», le corps est réduit au rang d’objet. L’installation La dot du duo Butz & Fouque montre ce corps réifié à travers un double envahissant, qui réclame sa part sur un mode théâtral burlesque : une femme aux longs cheveux pourpre semble vouloir ranger dans une malle son exacte réplique qu’elle replie comme elle le ferait d’une poupée de chiffon.