L’exposition « Evergreen » à la galerie marseillaise Béa-Ba présente des tableaux de Paul Vergier dans lesquels le peintre continue d’explorer les infinies possibilités visuelles de la toile, celle sui lui sert de support comme celle qui s’immiscent entre le regard et la réalité, qui recouvre les objets ou enserre les plantes…
« Evergreen » : le réel vu par Paul Vergier à travers bâches, toiles, voiles…
Les Å“uvres de Paul Vergier sont guidées par une démarche presque obsessionnelle qui consiste à collecter toutes les variations d’un même motif, celui de la toile, de ce qui empêche le regard. Peintures à l’huile sur toile ou dessin au pastel sur papier traquent ainsi sans relâche des vues de bâches, de toiles, de voiles, de serres…
Les dessins Le matin des noirs et TB11 forment des images similaires : celles d’une bâche recouvrant un monticule d’éléments invisibles, maintenue en place par des pierres posées sur elle. Dans les deux cas, le tas bâché occupe la majeure partie du tableau, ne laissant que deviner un environnement constitués de bâtiments. Dans le dessin intitulé Piscine, on devine l’angle d’une piscine protégée par un abri de plastique, tandis que dans la peinture à l’huile sur toile La greffe, Paul Vergier retrouve un des ses motifs principaux : la serre.
La peinture de Paul Vergier : une peinture de paysage sans paysage
La peinture de Paul Vergier est une peinture de paysage sans paysage. Devant un monde envahi par le plastique, il redéfinit ce genre pictural en s’appropriant pleinement ce qui pourrait le rendre désormais caduc. Ainsi, il ne cherche pas à retrouver la vérité du paysage mais le peint précisément tel qu’il s’observe aujourd’hui, à travers ce qui le masque de multiples façons.
Le parti-pris de Paul Vergier offre à sa peinture d’étonnantes possibilités visuelles. Des jeux de transparence, des reflets du soleil et de la luminosité voilée qu’il reproduit ou encore du minutieux travail d’évocation des plis naît une beauté et une émotion paradoxales. Des qualités picturales qui se doublent d’une dimension conceptuelle : la peinture de paysage devient une mise en abîme de la question de la représentation. Vu à travers mille obstacles, le réel apparaît faussé, caché, déformé, fragmenté, plié… Il renvoie directement au questionnement sur la forme, la surface, l’espace du tableau, le regard…
La galerie Béa-Ba est membre de Marseille Expos, réseau des galeries et lieux d’art contemporain.