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Evento 2011. C’est à ce prix que nous mangeons du sucre

06 Oct - 23 Jan 2012
Vernissage le 06 Oct 2011

L’exposition présentée pour Evento 2011 au musée d’Aquitaine s’imprègne d’un chapitre de l’histoire de la ville de Bordeaux: la traite négrière. En dialoguant avec la collection du musée, les artistes invités multiplient les points de vue par des pratiques artistiques qui proposent une relecture de ce passé et ouvrent sur des perspectives actuelles de la société contemporaine.

William Kentridge, Pascale Marthine Tayou, Marzia Migliora, Michael Blum, Shilpa Gupta, Wael Shawky
Evento 2011—C’est à ce prix que nous mangeons du sucre

Par leurs propositions, qui comprennent des œuvres et installations spécialement créées pour cet événement, ils questionnent l’esclavage et les systèmes économiques et politiques qu’il génère dans nos sociétés.

L’exposition s’inspire d’une citation de Voltaire tirée de Candide (1759), où le philosophe dénonce la cruauté quotidienne que subissent les esclaves dans les plantations. Une position critique exprimée par de nombreux représentants de l’Europe des Lumières et qui sera à la base des valeurs universelles sur lesquelles est fondée notre société. Dans l’exposition, six artistes internationaux tissent un lien, direct ou indirect, entre les collections du musée, un lien qui analyse du point de vue historique et anthropologique, par des visions éclairantes et des éléments de réflexion sur notre société contemporaine, la traite des esclaves et le commerce triangulaire.

Dans la salle du XXe siècle, une installation de l’artiste sud-africain William Kentridge a été spécialement réalisée pour l’exposition. L’artiste, qui porte une attention constante à la réalité sociale de son pays et aux changements qui s’opèrent dans le scénario global, élabore une série de dessins et une tapisserie à partir de documents qui reconstruisent la mémoire économique et sociale au temps de l’esclavage (Collection Chatillon du Musée). Ces créations originales dialoguent avec le film Shadow Procession (1999), un flux continu d’ombres anonymes sur le chemin de l’exil, écrasées par le poids de la charge physique et émotionnelle.

L’installation «Parfum colonial» de Pascale Marthine Tayou est une œuvre originale créée pour Evento 2011 au musée d’Aquitaine. C’est un commentaire critique qui interroge les causes et les effets d’une économie globale qui envahit et déstabilise les rapports sociaux, contraignant les réalités locales à se redéfinir et à inventer des significations, rythmes et équilibres nouveaux.

Marzia Migliora recontextualise des objets et des œuvres d’art qui font partie de la collection du musée d’Aquitaine. L’artiste reconstitue ainsi un théâtre virtuel dans lequel le spectateur est impliqué. L’installation se compose de plusieurs œuvres graphiques datées du XVIIIe et XIXe siècle de la collection Châtillon, dépeignant des scènes liées à l’esclavage et aux conditions de travail et de vie dans les plantations de sucre.

Wael Shawky présente son Å“uvre vidéo The Cave. La caverne (ou la grotte) est une sourate du Coran qui contient plus de sept histoires différentes et qui partagent le thème de la relation particulière entre savoir et pouvoir. L’histoire centrale est appelée «les Sept dormeurs», une histoire qui fait partie de la tradition chrétienne. En choisissant de mémoriser et de réciter ce chapitre dans un supermarché – le lieu choisi étant une métaphore évidente du capitalisme – Shawky commente ainsi les cultures hybrides. Un point de rencontre de deux systèmes qui n’ont à priori rien à voir l’un avec l’autre, un supermarché et une récitation du Coran.

Michael Blum propose une suite à My Sneakers, 2001, où l’artiste était parti en Indonésie sur les lieux de fabrication de sa paire de basket Nike, suivant ainsi le dédale de la bureaucratie et les réseaux de fabricants, jusqu’à l’usine où elles ont été produites. La vidéo commençait dans un magasin de sport à Paris en 1999, où il a acheté une paire de basket bon marché, et se terminait deux ans plus tard, à Jakarta, où blum remet alors les chaussures en circulation après avoir terminé ses recherches.

Dans Tryst with Destiny’, l’artiste indienne Shilpa Gupta s’attarde sur des considérations historiques et nationales. Une voix est entendue à partir d’un microphone solitaire. C’est l’artiste qui, d’un ton lugubre imprégné de moments de désespoir, lit le discours prononcé par Jawaharlal Nehru, le premier Président de l’Inde, à l’occasion de la Déclaration d’indépendance en 1947. Ce fut un moment d’espoir, alors que l’œuvre Tryst with Destiny est juste un micro, instrument dépouillé de sa fonction et sans auditeur.

L’exposition sera ouverte exceptionnellement de 11h à 20h pendant la durée d’Evento 2011, du 7 au 16 octobre.

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