Julien Berthier
Evaluation 360°
« Les oeuvres de Julien Berthier sont à double détente. Aussi ne faut-il pas se hâter de les décoder trop vite car, derrière leur façade avenante, l’arrière-cour a des allures de cauchemar.
Au premier abord, la démarche de l’artiste paraît répondre au désir de contribuer à l’amélioration de la vie de tous. Les deux albums de dessins qu’il a déjà publiés et dans lesquels il répertorie quantité de projets susceptibles d’apporter une aide à ses semblables, indiquent que l’ampleur évidente du chantier ne l’effraie pas.
Beaucoup trop de gens, suggère-t-il, ont baissé les bras. Pas Berthier qui recommande, en tête de l’un de ces albums, de « ne pas laisser le monde aux mains des spécialistes ».
Ne s’interdisant donc aucun domaine, il conçoit ses oeuvres comme autant d’interventions dans les secteurs les plus divers : l’aménagement urbain (Silent Sentinels, Elegant Third World, Balcon additionnel), le mobilier (Left handed Rietveld Chair), la navigation de plaisance (Love-Love), l’environnement (Le Palmier, Résidence secondaire, Hypnos), le monde du travail (Take a chance on me, L’horloge d’une vie de travail), etc.
Sous des dehors légers, les oeuvres de Berthier interrogent ainsi la situation des sociétés démocratiques et le danger que représente, pour leur gouvernement, le recul du sentiment de responsabilité citoyenne.
En apportant des fictions de réponses techniques à des questions apparemment mineures, il met en évidence le besoin et l’absence de véritables solutions politiques à des maux tels que la dégradation du paysage urbain, la diminution des ressources énergétiques, l’ampleur du souci sécuritaire, les méfaits de la globalisation, – maux que les autorités semblent parfois ne savoir traiter qu’avec des gadgets.
Mais alors, avec sa bonne volonté, son pressant désir d’engagement, Berthier n’est-il qu’un doux rêveur ? N’a-t’il pas entendu parler de la post-histoire et de la fin des grands récits qui soutenaient l’idée d’une possible révolution ? Justement si !
Rien n’est plus étranger à Julien que l’illusion d’un grand soir régénérant. Mais lui insupportent de la même manière, et avec la même intensité, ces logiques du tout ou rien conduisant à abandonner la partie au prétexte que, puisque l’avenir n’est plus aux utopies sociales, l’art n’a d’autre choix que d’assumer purement et simplement sa plate fonction décorative. »
Catherine Francblin, « Ce que nous voulons et ce que nous sommes », in Julien Berthier, monographie à paraître (octobre 2008).
Project Room – Pilar AlbarracÃn
Les Marmites enragées
Née en Andalousie en 1968, Pilar AlbarracÃn fait de l’héritage culturel et des questions d’identité son territoire de travail.
Exploitant les références telles que le flamenco, la cuisine, les croyances religieuses ou encore les fêtes populaires, Pilar AlbarracÃn remet en question les traditions et les comportements à partir des stéréotypes sociaux.
Avec ironie, l’artiste fait du comportement et du rôle de la femme un de ses champs de bataille. Présentée à la Maison rouge – Fondation Antoine de Galbert cette année, l’art de Pilar AlbarracÃn est une forme de métaphore à l’insoumission qui ne reste pas restreinte à une seule culture ni à un seul pays.
Son discours tragicomique reflète un imaginaire fait de chair et de sang, de courage et de combat, de douleur et de rire, de rituels et de châtiments.
Pour son exposition à la galerie, Pilar AlbarracÃn investit le Project Room d’une armée de Cocottes-minute (une cinquantaine) dont les vapeurs sont synchronisées au rythme de l’Internationale.
Vibrantes et chantantes, ces Marmites enragées manifestent leur indignation quant au rôle que la société leur a cruellement attribué.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Émilie Marsaud sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Évaluation 360°