Avec Titans, le performeur grec Euripides Laskaridis livre une chorégraphie combinant intensité et burlesque. Une danse peuplée d’ombres et de masques, pour un spectacle conjuguant mythologies et actualité, danse, cirque, cinéma, tragédie et comédie. « Dans un vide indéfini, un être cosmique, de genre incertain, se balance doucement sur une balançoire. Front large, ventre gonflé par un enfant ou seulement des idées. Omnipotent et toujours là , depuis l’avant du commencement. Immortel et sans repos. Toujours à la recherche d’un compagnon : une présence imperceptible, une figure-ombre glissant à travers l’obscurité environnante, pour faire tourner ce cosmos particulier*. » Atmosphère empreinte de mystère, initiation au grotesque comique : Titans s’attaque aux divinités primordiales, antérieures aux dieux de l’Olympe. Forces massives et cosmiques, les titans étaient effectivement fils et filles de la Terre et du Ciel. Cronos, Thémis, Mnémosyne, Océan, Atlas… Un héritage dont s’empare Euripides Laskaridis, pour mieux jeter du rire dans le chaos.
Titans d’Euripides Laskaridis et la compagnie Osmosis : quand le cosmos déraille
Prolongement de Relic, avec Titans Euripides Laskaridis et la compagnie Osmosis livrent un spectacle jouant de nouveau sur le travestissement. Dans Relic, à mi-chemin entre Matthew Barney et Hans Bellmer, Euripides Laskaridis s’augmentait d’un corps artificiel. Via des costumes et prothèses sur mesure, pour un danseur savamment déjanté. Corps musculeux grimpé sur talons aiguilles, pour une gestuelle décalée et comique, à l’instar d’un puissant robot ménager se mettant soudain à dérailler. Pour mieux délirer le monde. Avec Titans, Euripides Laskaridis creuse la veine du débordement. L’absurde, ici, dépasse le déraillement domestique pour embrasser, dorénavant, le cosmos. Le secouer d’hilarité ou d’un frisson démesuré. Le spectacle Titans explore ainsi l’espace-temps précédant celui de la raison. Ou lui faisant suite, lorsque la raison, par intermittence, s’éclipse.
Plongée chorégraphique dans le chaos primordial : entre burlesque et inquiétude
Formes girondes et sensualités déroutantes de masses étrangement sculptées : Titans exhibent des personnages anthropomorphes monstrueux. Pulvérisant le ridicule à force de s’y frotter jusqu’à l’ironie, Euripides Laskaridis fait naître une performance ensorceleuse. Enfants terribles du chaos primordial, les titans exultent dans un désordre scénique réjouissant. Cirque et conte de fée pour adultes (à partir de 14 ans), Titans déploie une fête bariolée, turbulente et irrévérencieuse. Continuant de travailler avec Angelo Mentis, pour des costumes et prothèses fascinants, Titans s’enveloppe également d’un environnement sonore composé par Yorgos Poulios. Animal, viscéral, drôle et humain, le spectacle Titans s’empare délicatement des spectateurs pour les emmener dans son chaos. Ni sublime, ni romantique, la compagnie Osmosis rejoue la mythologie grecque, entre dérives inquiétantes et tendre dérision critique. Par-delà le jugement du monde : la re-création d’un monde, par la danse.
* Texte de présentation de Titans, traduit de l’anglais [Source : https://euripidestheatre.wixsite.com/titans. Consulté le 28 novembre 2017.]