— Éditeurs : Le Seuil, Paris / Skira, Genève
— Année : 2002
— Format : 34 x 24 cm
— Illustrations : nombreuses, en noir et blanc
— Pages : 125
— Langue : français
— ISBN : 88-8491-324-1
— Prix : 50 €
Métaphores
par Barbara Radice (extrait, p. 9)
Les photographies de ce livre on été prises entre 1972 et 1978.
Les trois premiers groupes de photographies, Dessins pour les destins de l’homme, Dessins pour les droits de l’homme, Dessins pour les nécessités des animaux, ainsi que certaines autres isolées, sans titre général, datent des années 1972 à 1974. Elles datent donc de la fin de l’époque de l’Architecture Radicale. Les dates sont significatives car, après la forte agitation de la contestation, on commençait à entrevoir les premiers signes de reconstruction, de renaissance.
Le Mouvement Radical italien, qui s’était développé parallèlement à l’Art pauvre et à l’Art conceptuel autour de thèmes analogues, avait été une époque d’analyse et de réflexion critique très importante. Sottsass l’a définie comme « une période de vide, de méditation introvertie, de purification et de débarras de tout ce qu’étaient les lois, les habitudes et le vocabulaire de la culture rationaliste ». Les thèmes débattus étaient vastes; ils comportaient le fait de repenser et de recréer les mécanismes de l’architecture, le rôle et les responsabilités de l’architecte vis-à -vis de la société et de la culture et donc également de la commande publique ou privée. Presque tous les architectes engagés dans cette introspection critique, entre 1966 et 1974, ont consacré la majeure partie de leur temps à des projets qui ont été ensuite appelés « utopiques », dans la mesure où ils se référaient à des points de vue alternatifs qui ne concernaient pas seulement le rôle de l’architecte mais les fondements mêmes de la culture industrielle.
Pendant ces années, Sottsass avait presque cessé de concevoir. Il pensait, il dessinait, il écrivait, il avait « envie de fuir ».
« Je sentais une grande nécessité de visiter des lieux déserts, des montagnes, d’établir un rapport physique avec le cosmos, seul endroit réel, justement parce qu’il n’est pas mesurable, ni prévisible, ni contrôlable, ni connaissable […] il me semblait que si l’on voulait reconquérir quelque chose, il fallait commencer à reconquérir les gestes microscopiques, les actions élémentaires, le sens de sa propre position… »
En 1970, Sottsass rencontre une jeune artiste de Barcelone. Eulalia Grau, pendant six ans, sera sa compagne dans une vie semi-nomade, entre la routine du bureau de Milan et de longues pérégrinations espagnoles : Barcelone, Madrid, Almeria, Grenade, mais surtout les déserts de pierre au sud de l’Èbre et les vallées sauvages des Pyrénées. C’est là que naissent les premières photographies, appelées plus tard Métaphores.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du Seuil)
L’artiste
Ettore Sottsass, né en 1917 à Innsbrück, Autriche, est diplômé d’architecture du Politecnico de Turin. Après la guerre, il s’installe à Milan où il fonde un studio d’architecture et de design d’objet. Consultant de conception pendant plus de vingt ans chez Olivetti, son activité s’étend à l’anthropologie, la psychologie, la poésie ou la littérature. En 1967, avec Fernanda Pivano et le poète Allen Ginsberg, il fonde le magazine Pianeta Fresque; en 1973, avec Archizoom, Superstudio et d’autres représentants du Mouvement Radical italien d’avant-garde, il crée le Collège alternatif de conception et d’architecture Global Tools, puis en 1985, l’agence de design Sottsass Associati, où il travaille encore aujourd’hui.