L’exposition « Être pierre » au musée Zadkine, à Paris, réunit sculptures, photographies, dessins, vidéos, films, objets d’arts premiers et archéologiques autour de la matière minérale et de son utilisation par les artistes.
La pierre, matériau de prédilection des artistes, du paléolithique à Ossip Zadkine
A l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort d’Ossip Zadkine, l’exposition s’appuie sur la vaste production en pierre que le sculpteur cubiste a laissée pour explorer ce matériau particulièrement apprécié des artistes. Environ cent trente pièces relevant de la sculpture mais aussi de la photographie, du dessin, de la vidéo, du cinéma ou encore de l’archéologie et des Arts premiers ponctuent la collection du musée Zadkine.
Conçu comme un récit, le parcours mêle les médiums et les époques au gré de trois parties thématiques : « Origines », « Métamorphismes et Métamorphoses » et « Intimité minérale ». Ainsi s’offre une lecture transversale du rapport profond qu’entretiennent les artistes avec la pierre depuis les débuts de l’humanité.
La première partie est dédiée aux origines cosmiques et géologiques de la Terre et à celles de la création. Des objets votifs et du mobilier funéraire issus de cultures paléolithiques et néolithiques et des objets protecteurs ou intercesseurs d’Océanie et d’Afrique (concrétions minérales naturelles choisies pour leur formes expressives qui étaient investies d’un pouvoir magique) dialoguent avec des Å“uvres en pierre réalisées par de grands artistes modernes. Ainsi la sculpture en granit intitulée Tête héroïque d’Ossip Zadkine, la Tête en pierre réalisée en 1907 par Pablo Picasso ou encore le tirage Pétrographie RSM_4 de Dove Allouche sont disposés en regard d’un morceau de magnésie évoquant un cerveau humain, provenant de Nouvelle-Calédonie, d’une Vénus en calcite ambrée datant d’environ vingt-cinq mille ans avant notre ère, des jades d’Asie et d’une statue-menhir du Rouergue. Une mise en lumière de l’inspiration que certains artistes modernes ont tirée des arts premiers et non occidentaux.
Les propriétés de la pierre trouvent des échos dans les réalisations plastiques
La deuxième partie se concentre sur l’intérêt des artistes pour la nature perpétuellement évolutive de la matière minérale. Ses propriétés, les processus de transformation qu’elle connaît l à l’échelle géologique et les passages d’un règne à l’autre trouvent des échos dans les réalisations plastiques de Katie Paterson Fossil Necklace, un collier fait de cent soixante-dix fossiles taillés en perle par un joaillier dont chacun représente une étape du développement de la Terre) et Evariste Richer (l’installation Fulgurite qui illustre la transformation du sable ou d’un fragment rocheux en verre).
Dans l’atelier, une dernière partie s’intéresse à la relation intime qui existe entre les hommes et la pierre. A travers cette dernière, c’est souvent le corps humain qui est exploré et qui devient l’enjeu de la perception. En témoignent la sculpture en marbre Jeux de nymphes d’Auguste Rodin, la photographie Autoportrait ou Je tends les bras de Claude Cahun sur laquelle l’artiste semble enfermée dans un bloc de pierre dont seuls ses bras dépassent, ou encore l’œuvre Jour de l’une de Paul-Armand Gette, assemblage d’un morceau de pierre de lave, d’une sérigraphie et de pétales de roses collés, évocation du sexe féminin.