En ouverture de cette nouvelle année, la galerie Mélanie Rio a souhaité donner carte blanche à de jeunes artistes. Le projet de cette exposition collective a été initié par Quentin Lefranc, Lucie Le Bouder et Emilie Duserre qui signent ici leur première collaboration. Au fil de leurs discussions, ces trois jeunes artistes se sont concentrés sur le cadre architectural de la galerie. Ils ont perçu dans la galerieappartement un lieu d’exposition atypique à la limite du domaine public et privé et ont choisi de s’inspirer de cet espace pour construire le discours de leur exposition.
Leurs questionnements se sont portés sur la notion même de l’acte d’exposer et plus concrètement sur la manière de montrer une œuvre et un ensemble d’oeuvres.
Leur présentation sonde le système de l’exposition, l’accrochage et la singularité d’une oeuvre parmi un ensemble. Ainsi, juxtaposer et présenter au regard des expôts (André Desvallée, 1976) implique la mise à l’épreuve des œuvres par l’accrochage et leur association. Mais si la construction d’une exposition réside d’un choix subjectif, ils soulignent que la monstration dépendra toujours du cadre architectural. C’est donc à partir de ce constat que Quentin Lefranc, Emilie Duserre et Lucie Le Bouder ont décidé de jouer au travers des rythmes d’espaces vides et pleins.
De ce rythme est née leur exposition Et quelque(s) espacement(s).
La réunion des œuvres choisies réactualise le statut même de la galerieappartement interrogeant la fonctionnalité des choses au sein de cette architecture. Cette mise en contexte invite à repenser la notion d’habiter un espace. Elle engage également le discours critique et esthétique lié au point de vue, à la structure, la présentation et la représentation. En fonction de sa déambulation et de ses déplacements, le visiteur pourra appréhender plusieurs niveaux d’interprétation des œuvres, des pleins et des vides qui les entourent.
Chacun des trois artistes expose au moins une pièce. Ils ont également choisi des œuvres d’autres artistes — Sophie Kitching, Alexis Judic et Juliette Mogenet — ainsi que des travaux d’artistes de la galerie — la plasticienne Delphine Deguislage et le photographe Patrick Tourneboeuf. Au sous-sol, Quentin Lefranc, Emilie Duserre et Sophie Kitching proposent une installation qui marque les limites de l’espace en s’appuyant sur le mur, le sol et le plafond. La salle au rez-de-chaussée donne quant à elle à voir une structure porteuse imaginée par Lucie Le Bouder sur laquelle reposent les pièces des autres artistes. En investissant l’espace de la galerie, l’œuvre crée sa propre narration et offre une logique de déambulation qui place le visiteur dans un nouvel espace.
Enfin, la cohabitation des divers médiums — sculptures, photographies, dessins, installations, vidéo…— témoigne de l’occupation totale et plurielle de la Galerie, faisant émerger les mécanismes de construction/déconstruction présents dans chacune des œuvres.