Tjeerd Alkema, Willem Cole, Philippe Decrauzat, Helmut Dorner, Seamus Farrell, Sigurdur Arni Sigurdsson, Arnaud Vasseux, Véronique Verstraete
Et pis meu là , et pis teu là !
Si la peinture et la sculpture ont été confrontées depuis fort longtemps à la question de la «situation physique» du spectateur par rapport à ce qu’il devait voir, nombre d’oeuvres contemporaines ont su donner à cet enjeu des formulations inédites.
Le simple fait que des oeuvres s’élaborent souvent à partir des caractéristiques de l’espace (ce qui était seulement le cas des fresques dans les siècles passés) et se donnent comme des dispositifs «transitionnels» entre le spectateur et le lieu, conduit à comprendre autrement les démarches de nombreux artistes actuels.
Alors que la question de la place du spectateur permettait autrefois d’organiser –ou d’ajuster, voire de corriger– les rapports d’un sujet et d’un objet (posés l’un et l’autre dans une dualité incontestable, fondée ontologiquement), l’art contemporain a plutôt fait apparaître la dimension fonctionnelle de cette même relation: ce ne sont dès lors plus les «termes» du rapport qui comptent principalement, mais les modalités de celui-ci, et la possibilité de le rejouer selon une complexité toujours ouverte entre des pôles non déterminés a priori et toujours conscients de leurs positionnements relatifs.
L’expérience esthétique n’est plus circonscrite à l’oeuvre (le «chef-d’oeuvre», contenant une essence particulière) et à celui qui se définissait d’abord par un goût (le spectateur et sa sensibilité unique), mais s’est organisée autour de relations actives aux nombreuses variations possibles.
Ce que l’art a alors semblé perdre alors en «densité» et en sécurité (le spectateur était «comme maître et possesseur» de ce qu’il voyait…) il l’a regagné en liberté et mobilité, en inventivité et en dynamiques multiples. Quitte à nous forcer à apprendre à marcher, parfois, sur des sables mouvants…
L’exposition « Et pis meu là , et pis teu là ! » entend offrir quelques témoignages de ces relations ouvertes, dans lesquelles le spectateur sera indifféremment «meu» ou «teu», et l’oeuvre à peine plus qu’une conjonction de coordination «spatialisée» («et… là », « et… là »).
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Florence Jou sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Et pis meu là , et pis teu là !