Jean-Marie Brohm, Christophe Génin, Marc Jimenez, Jacinto Lageira, Apostolos Lampropoulos, Luc Lang, David Zerbib et Jean-Luc Nancy
Esthétique et déconstruction. Parages de l’art et de la philosophie
Sous la direction de Vangelis Athanassopoulos et Marc Jimenez, avec le concours de David Zerbib
Partant de l’extension sans précédent que connaît de nos jours le champ de questionnement de la pensée esthétique et du défi corrélatif de sa pertinence analytique et critique, l’objectif de ce colloque est d’explorer les articulations, les croisements et les interférences entre, d’une part, des questions liées à la théorie et la pratique artistiques et, d’autre part, les perspectives, les enjeux et les modes opératoires de la déconstruction.
Dans quelle mesure ces derniers peuvent rendre compte des mécanismes internes du processus créatif, de ses indéterminations et de ses contradictions? Et, inversement, comment peut-on envisager la déconstruction comme modalité esthétique, tout en problématisant le rapport du discours théorique à l’expérience sensible, à l’histoire et à la société?
A l’instar des œuvres d’art, les théories suivent leur propre chemin, détachées de l’inscription de l’auteur. En mettant l’accent sur la diversité des approches et des ramifications de la critique déconstructive (une diversité qui n’a pas manqué de surprendre Jacques Derrida lui-même), ce colloque vise, au-delà des idées reçues, à privilégier les nuances critiques, les points de passage et les régions de tension qui se profilent dans les parages de l’art et de la philosophie.
Dans le cadre du colloque Marie Canet, commissaire indépendante, présentera la vidéo de Bruno Pelassy Sans titre, Sang titre, Cent titres (1995), Courtesy galerie Air de Paris. Bruno Pelassy est un artiste protéiforme (dessinateur, sculpteur, couturier). Il est né en 1966 à Vietane au Laos et décédé à l’âge de 36 ans, à Nice, des suites du Sida, maladie contractée en 1987 lorsqu’il avait à peine 21 ans. Sans titre, Sang titre, Cent titres est une œuvre à part que ce soit dans l’histoire de la vidéo, du cinéma expérimental ou des œuvres ayant pour sujet la maladie. La pièce se compose d’un collage d’images enregistrées à la télévision, piquées, cousues de magnétoscope à magnétoscope, suivant une logique des sentiments a priori dépourvue d’autres sens. Films de genre, journaux télévisés, dessins animés, cinéma primitif. Bruno Pelassy a tissé les images et les séquences qu’il a volées en obéissant au déroulé émotif de sa propre maladie.