Pour fixer les orientations fondamentales comme pour résoudre les tâches les plus ordinaires.
La précarité, que nous subissons et qui nous épuise, est aussi, d’une certaine façon, une chance. Elle nous menace et nous stimule à la fois. Deleuze et Guattari auraient peut-être dit que nous sommes «moléculaires» pour désigner, par cette belle notion opposée à «molaire», que nous tentons d’« échapper aux codes, de nous échapper des codes », que nous essayons de construire à rebours des situations et contenus ossifiés.
Pour paris-art, être moléculaire n’est pas une option, mais une nécessité. Il est pour nous vital de nous ouvrir aux flux mutants, d’imaginer toujours de nouveaux possibles. Ce qui, espérons-le, a l’immense vertu de nous prémunir du très ravageur et très sclérosant «virus de l’impossible », dont souffrent tant les « molaires ».
On n’est cependant pas moléculaire (ou au contraire molaire) en le décrétant, mais en fonction des positions que l’on occupe dans des situations particulières. Ce mélange paradoxal de vitalité et de précarité provient, à paris-art, de cette incongruité que l’art contemporain et internet s’entrecroisent, actuellement encore, dans une zone de presque gratuité. Sorte d’inversion bizarre et archaï;que d’un monde ultra dominé par l’argent, la rentabilité, le profit.
C’est à cette incongruité que paris-art tente de répondre, non par goût du pur défi, mais par conviction qu’elle est à tous égards féconde.
Par delà ces paradoxes, nous savourons notre chance d’être, grâce à la magie de l’interactivité, chaque jour en contact direct avec les milliers de visiteurs du site, avec les 24000 abonnés de la newsletter hebdomadaire, et avec les utilisateurs des 16000 exemplaires du guide paris-art (sur papier).
Par le site et son forum, par la newsletter, et bien sûr par les emails, nous sommes littéralement traversés, presque physiquement, par un immense flux d’informations et surtout de réactions.
Encouragements, félicitations, remarques, suggestions, demandes, et critiques parfois, font converger vers paris-art un vaste courant de sympathie, une forte quête de savoir et de culture, un intense besoin de partage. Une soif de dialogue et d’échanges. Mais aussi beaucoup de frustrations devant la situation pour le moins difficile de l’art à Paris et en France.
Le site paris-art.com n’a rien d’une mécanique froide et inhumaine, c’est au contraire un puissant échangeurs d’énergies, de celles qui stimulent et rendent exigeants. C’est un lieu intense dans lequel viennent résonner les pulsations et les soubresauts de la scène français de l’art contemporain.
Mais nous voulons d’ores et déjà aller plus loin encore : rencontrer physiquement celles et ceux qui nous accompagnent. Nous avons débuté, en partenariat avec l’École nationale supérieure de beaux-arts, des tables rondes (le premier mardi de chaque mois), qui se poursuivront à la rentrée.
La petite fête organisée ce vendredi à l’occasion du deuxième anniversaire du site paris-art.com (et du premier anniversaire du guide paris-art) devrait marquer le début d’une suite de rendez-vous artistiques et conviviaux réguliers dès la rentrée prochaine.
Et d’autres choses encore…
Tout cela grâce à l’énergie d’une toute petite équipe associée à près de quarante collaboratrices et collaborateurs bénévoles qui viennent à paris-art partager leur talent, leur enthousiasme, leurs compétences, et quelques raisons d’espérer en l’avenir.
André Rouillé.
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Logo du Deuxième anniversaire de paris-art.