ART | EXPO

Espace et territoire

25 Mar - 02 Avr 2011
Vernissage le 24 Mar 2011

Sylvie Sarrazin capte des manifestations plastiques naturelles telles que des tourbillons de l’air et de l’eau, des reflets de la lumière, des frissons de l’eau et du vent.

Sylvie Sarrazin
Espace et territoire

Paysages avant l’image
La peinture de Sylvie Sarrazin
Dans sa rencontre avec la nature, Sylvie Sarrazin retient et note des manifestations plastiques naturelles telles que des tourbillons de l’air et de l’eau, des reflets de la lumière, des frissons de l’eau et du vent; elle s’inspire des instants dans lesquels les mouvements de la matière — terre, eau, air, lumière — se déclarent et nous apportent des sensations d’une nature qui se transforme et se métamorphose.

Ce principe créateur de la nature devient le principal défi pour la peinture de Sylvie Sarrazin. Elle capte des tons et des couleurs, repère les structures et les écritures entre traits, dynamiques et arrêts. Dans ses peintures, les éléments naturels et les signes culturels, les températures et les tempéraments, se suivent, s’opposent, se rejoignent et s’entrelacent comme dans une mappe monde.

D’une toile à l’autre, des univers —  des micro — et des macrocosmes  se forment et rendent perceptibles les lois profondes de la morphologie et des forces transformatrices de la métamorphose. Dans ses « prises de notes » ainsi que dans ses photos ou ses petites bandes de vidéo, qu’elle enregistre pendant ses promenades dans la nature, Sylvie Sarrazin capte, isole et fixe les motifs, au moment où ils échappent à l’évidence et à la représentation. C’est dans cet espace des non-lieux sémantiques que se révèle la beauté du trait avant le dessin, de la touche avant la forme et du teint avant la couleur. C’est là où se dessinent et se forment des paysages avant l’image. Dans l’instant, dans le fragment et dans l’élémentaire, et d’une toile à l’autre, tout « devenir » paraît inscrit et figé, tel dans une monade, tel dans un bourgeon.

Chaque tableau contient une syntaxe, dans laquelle se structurent et s’inversent les données. Le regard traverse les grilles du premier plan vers les profondeurs. Autres éléments et autres écritures forment de nouvelles strates, de nouveaux écrans et autres profondeurs qui mettent à distance les premiers plans ou le fond du tableau. Fond, milieu et premiers plans, le dessus et le dessous, fusionnent ou se séparent, dans des rythmes tantôt calmes, tantôt agités, suggérant un système nerveux et sensible, où — entre la polychromie et la monochromie, entre le froid et le chaud, le végétal et le minéral, le gel et l’éclosion — les pôles complémentaires et les tentions cherchent à s’apaiser ou au contraire à se polariser. Comme dans la peinture des romantiques modernes, le temps semble se colorer selon les saisons, les températures et les tempéraments des éléments de la nature: feu, eau, air, terre, — sans que pour autant l’artiste les imite.

L’horizontalité et la verticalité attribuent aux tableaux la qualité des paysages abstraits, dans lesquels sont constamment changés et intervertis les points de vue, les perspectives, les lieux et les espaces. Le spectateur se trouve à l’intérieur de l’extérieur et à l’extérieur de l’intérieur, il est dans la matière et s’élève au dessus d’elle par le biais des changements de la perspective. Dans ces « Paysages avant l’image » Sylvie Sarrazin devient tributaire de la nature; au lieu d’en imiter mesquinement les accidents, elle en imite les lois (A. Lhote). Comme la nature elle-même, l’artiste ne cesse de s’inventer. Chaque toile est le fragment d’une syntaxe et d’une loi, où le sensible et l’intelligible invitent à un voyage dont le lieu d’arrivée s’appelle « création, transformation ». Rosi Huhn, historienne et critique d’art.

Vernissage
Jeudi 24 mars 2011. 19h.

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