Les liens culturels qui unissent et séparent Paris et Londres sont aujourd’hui très vivaces dans les domaines de la création. Même si les sensibilités esthétiques et les centres d’intérêt des artistes vivant à Londres et à Paris divergent parfois complètement, nombreux sont ceux qui sont influencés de façon subtile par le symbolisme.
L’exposition «Le voyage intérieur, Paris-Londres» propose une expérience dans une scénographie rappelant la maison de Des Esseintes conçue par Huysmans dans À Rebours, une demeure qui synthétise labyrinthe, kaléï;doscope et filtres. La visite est ponctuée par une cave en laine, une galerie de portraits sur fond d’or, une voûte aux suppliciés, des rideaux-courants d’air qui produisent une «dramaturgie du vent», un super white-cube, une salle triangulaire, un couloir métaphysique, une zone latex…
Dans cet environnement, une centaine d’œuvres dont certaines sont réalisées pour l’exposition, démontrent notamment que l’ésotérisme, le triomphe de l’artifice, l’interpénétration du sexe et de la mort, la conviction que la culture occidentale tombe en ruines, sont, par delà la culture décadente historique de la fin du XIXème siècle, des modalités de lecture et de compréhension des pratiques culturelles actuelles. La réunion de ces objets familiers et étranges génère un sentiment d’ «inquiétante étrangeté» (pour reprendre les mots de Freud), qui dynamise et perturbe autant notre relation à ces objets contemporains qu’à leur caractère foncièrement menaçant.