L’exposition « /_______/ » à la galerie Mansart, à Paris, réunit des installations, œuvres sonores et vidéos d’Esmeralda Kosmatopoulos inspirées par l’écriture de la langue française.
Installations, œuvres sonores et vidéos inspirées par Ferdinand de Saussure et Jacques Derrida
L’exposition a été conçue par Esmeralda Kosmatopoulos, en collaboration avec le commissaire d’exposition Azad Asifovich, à partir de leur étonnement commun vis à vis de la phonétique et de l’écriture de la langue française. Elle vise à explorer la frontière qui sépare la langue parlée et la langue écrite en faisant des mots de simples objets visuels ou sonores, avant qu’un sens ne leur soit assigné. Inspirée par les ouvrages de Ferdinand de Saussure et de Jacques Derrida, Esmeralda Kosmatopoulos sonde l’articulation entre médium et champ sémantique de l’œuvre.
Cernant l’espace d’exposition, l’œuvre intitulée Sound Wave se déploie en de multiples drapeaux sur lesquels des mots français familiers sont rédigés suivant l’alphabet phonétique international. Ainsi libérées des règles d’orthographe françaises et dépourvues de toute lettre muette, ces séries de lettres deviennent difficilement compréhensibles pour les francophones qui reconnaissent habituellement les mots par l’image qu’ils constituent. L’œuvre met en lumière un paradoxe : en tentant de rapprocher l’image et le son, on perd le sens des mots. Elle souligne ainsi la complexité du rapport entre l’écrit et le parlé, la main, les yeux et la bouche, l’orthographe et la prononciation.
Esmeralda Kosmatopoulos explore la langue française
Une série de vidéos réalisée sur iPhone intitulée Texte en français reprend les mots de l’installation Sound Wave, cette fois écrits en alphabet latin mais en les transcrivant selon toutes les combinaisons possibles de lettres correspondant à leur sonorité. Ces multiples images ont ensuite été soumises au téléphone qui, par le système de synthèse vocale, les restitue ensuite de façon sonore. Les vidéos montrent ainsi comment la machine, sans se soucier des règles orthographiques ni de l’image que forment es mots, restitue correctement ces derniers. C’est cette fois le son qui se libère de l’image.
Près de l’entrée de la galerie, l’œuvre / a / fait office de prologue et d’épilogue à cette exploration de la langue. Sur une plaque de marbre est gravée l’expression « la main à la bouche » dans laquelle manque l’accent grave sur le « à  ». Si le son de la phrase reste le même, le sens en est ainsi complètement modifié puisque l’on lit « la main a la bouche ». Par ce truchement, Esmeralda Kosmatopoulos souligne le renversement qui s’est opéré dans le rapport entre la main et la bouche. Alors que la main a longtemps seulement complété la bouche dans la communication humaine à travers le langage corporel non verbal, elle l’a aujourd’hui supplantée en devenant le principal moyen d’expression par notre voix numérique.