Ernest Pignon-Ernest
Ernest Pignon-Ernest
Le Mamac de Nice offre une rétrospective de l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest, considéré comme le précurseur de l’art urbain. Conçue par l’artiste, l’exposition évoque ses principales réalisations à travers une sélection de croquis, de dessins et des photographies.
Les images d’Ernest Pignon-Ernest, portraits d’hommes et de femmes à taille réelle, sont réalisées au fusain, à la pierre noire et à l’aide de gommes crantées de différentes épaisseurs qui façonnent les ombres. Elles sont ensuite reproduites par sérigraphie et collées sur les murs des villes pour lesquels elles ont été conçues. Livrées aux aléas du temps, elles sont vouées à disparaître. Seuls restent les croquis, les esquisses préparatoires, les dessins matrices des sérigraphies et les photographies réalisées par l’artiste.
Le parcours débute avec une image créée pour être reproduite sur un mur de la prison de Lyon en 2012 et reprenant la scène de l’Ecce Homo pour la détourner. L’épisode biblique dans lequel Ponce Pilate présente le Christ après l’épreuve de la flagellation prend ici une dimension purement humaine et humaniste. La représentation de l’homme seul placé au milieu d’une foule vise à montrer les martyrs que la société ignore.
Cette image introduit une première partie où se révèle l’attention que porte Ernest Pignon-Ernest aux problèmes sociaux de son époque. En 1971, pour commémorer le centenaire de la Commune de Paris, des images de gisants ont recouvert les pavés de Paris aux emplacements où étaient tombés les insurgés.
A Nice, ville alors jumelée avec la capitale d’Afrique du Sud, Ernest Pignon-Ernest affiche le dessin d’une famille noire derrière des barbelés pour dénoncer la politique de l’Apartheid.
La suite de l’exposition met en lumière le syncrétisme des créations d’Ernest Pignon-Ernest. A Naples, une série de dessins réalisés entre 1988 et 1995, se réapproprient des figures empruntées à la peinture napolitaine, notamment celle de Caravage. Elles forment un parcours reliant les mythes fondateurs aux coutumes populaires contemporaines.
Le même croisement entre passé et présent, entre réalité et fiction, est à l’œuvre dans les images qu’Ernest Pignon-Ernest appose dans des cabines téléphoniques à Lyon et Paris. Ces images reprennent des figures archétypales de l’histoire de l’art pour en faire les représentations de l’humanité moderne, urbaine et accablée par la solitude.
Les archives témoignent à la fois des choix éthiques et esthétiques d’Ernest Pignon-Ernest. Elles permettent de découvrir son processus de travail, ses engagements politiques non dénués d’exigence artistique et des œuvres en dialogue permanent avec les grands noms de l’histoire de l’art.
Vernissage
Vendredi 24 juin 2016, 19h.