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Éric Poitevin

Fort belle monographie sur le travail photographique d’Éric Poitevin. Arbres, sous-bois, dune, os, cadavre de chevreuil, etc. traitent d’une nature presque irréelle, atemporelle, tant elle semble figée. Chaque détail ressort avec précision, et fait de ces images un envoûtant condensé de l’instant photographique.

— Éditeurs : Coromandel Design, Paris / Frac Franche-Comté, Dôle
— Année : 2003
— Format : 23,50 x 30,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs
— Pages : non paginé
— Langue : français
— ISBN : 2-9515772-6-5
— Prix : 43 €

Présentation
par Catherine Mayeur (extrait)

Ce qui, tout d’abord, retint mon attention, dans le travail d’Éric Poitevin, fut sa dense immobilité. Rarement la photographie n’a à ce point figé les choses. Je n’ai pas vu, depuis longtemps, de paysages aussi implacables, même s’ils ne disent rien de leurs tragédies. Il m’en faut retourner au XIXe siècle, à Fenton certainement et la célèbre Vallée de l’ombre de la Mort, en Crimée. Mais cette vue est lourde d’une dénonciation silencieuse. Là ne réside pas la seule différence. Si les épreuves des pionniers, tout comme celles d’Éric Poitevin, amènent de manière inéluctable à ressentir une épaisseur temporelle, les premières semblent condenser l’instant, tandis que celles ici présentes dilatent, ouvrent le temps. Cette importante nuance tiendrait-elle à la procédure, pourtant similaire dans la longueur de la pose, mais divergente en ce sens qu’elle était alors techniquement imposée et aujourd’hui volontairement exploitée ? Quoiqu’il en soit, la lente imprégnation du support cristallise la temporalité de la photographie, lui confère son étrange fixité par saturation de l’énergie lumineuse. Les œuvres d’Éric Poitevin apparaissent pleines de sa fascination pour l’émergence de l’image. Ce plaisir originel du médium autorise aussi la corrélation avec les épreuves anciennes, que l’on retrouve dans la modestie devant l’opération physico-chimique, dans la discrétion du point de vue, presque circonspect face au réel, dans le rendu velouté et sensuel de la surface.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du frac Franche-Comté)

L’artiste
Éric Poitevin est né en 1961 à Mangiennes, France, où il vit et travaille.