Chorégraphe venu des arts visuels, Éric Minh Cuong Castaing (Cie Shonen) cultive une approche pluridisciplinaire de la danse, du mouvement, et de leurs mises en scène. Ses pièces incluent régulièrement des dispositifs technologiques — réalité augmentée, androïdes, robots, drones… À l’instar de Phoenix (2018). Spectacle transversal, L’Âge d’or (2018) conjugue pour sa part documentaire filmique et performance. Plongée dans le sensoriel, L’Âge d’or a été réalisé à l’institut Saint-Thys de Marseille, par et pour des enfants atteints de troubles moteurs. Les danseurs y portent les patients, qui eux-mêmes portent des lunettes-casques de réalité virtuelle. Soit une manière d’appréhender le mouvement autrement, pour les enfants. Et d’appréhender les handicaps autrement, pour les spectateurs. Double articulation film-performance, L’Âge d’or est aussi une création collective, autour du partage des regards.
L’Âge d’or d’Éric Minh Cuong Castaing : un film et une performance chorégraphiques
Le versant film de L’Âge d’or a été conçu et réalisé par Éric Minh Cuong Castaing, en partenariat avec Silvia Costa. Le versant performance a été conçu et chorégraphié par Éric Minh Cuong Castaing, en partenariat avec Aloun Marchal. Les deux versants sont interprétés par Éric Minh Cuong Castaing, Aloun Marchal, et des enfants du centre Saint-Thys. Tandis que la performeuse belge Jeanne Colin rejoint l’équipe pour la partie chorégraphique en temps réel. Prompt à tisser des liens, en intriquant espaces et temps, avec L’Âge d’or Éric Minh Cuong Castaing superpose et entremêle moments et mouvements, sur un titre faisant référence à un temps fictionnel idyllique. Celui notamment décrit dans la Théogonie d’Hésiode : l’époque qui suit la création du monde, et qui précède la dégradation en âge d’argent, de bronze, des héros et enfin de fer. Avec un âge d’or équilibré et juste, sans travail ni contrainte.
Entre réalité virtuelle et partage des regards, des sensibilités : la réalité augmentée
Dans l’usage courant, l’image de l’âge d’or évoque une époque protégée, en marge du réel et du principe de réalité. Sorte d’enfance harmonieuse et bénie. Recourant à des dispositifs de réalité virtuelle, L’Âge d’or d’Éric Minh Cuong Castaing, déplace les contraintes. Notamment celles liées à certaines spécificités motrices des jeunes patients de l’institut Saint-Thys. Pièce sensible, la beauté (des images, des cadrages, des visages aux expressions singulières) y tient une place de choix. À travers leurs lunettes de réalité virtuelle, les enfants voient ce que les danseurs voient. Transfert des regards, la passation impulse à son tour des mouvements. Et à l’effrayant de se retrouver immergé dans le regard de l’autre, parfois hostile, se substitue ainsi une attention aux détails, aux gestes. Entre documentaire et fiction, entre film et performance, entre radicale singularité et partage d’expérience… L’Âge d’or intrique les espaces-temps en un volume chorégraphique complexe, mais accessible.