ART | EXPO

Er Lautete – She romps

06 Sep - 31 Oct 2014
Vernissage le 06 Sep 2014

Tom Castinel procède selon les principes musicaux du sampling et du mixage, renouant ainsi avec leur antécédent plastique, l’assemblage. De ce pillage, par nature jubilatoire et brutal, émanent des œuvres et des expositions où tous les médiums entrent en résonance, et où un savant jeu de renvois active des sources d’époques et de natures différentes.

Tom Castinel
Er Laütete – She romps

Le travail de Tom Castinel procède entre autres du paradigme du collage/assemblage et de ses équivalents musicaux, le sampling et le mixage: par la diversité des médiums qu’il fait côtoyer dans un même espace (sculpture, édition, écriture, dessin, vidéo performance), mais également par le télescopage, au sein d’une même œuvre, d’images, de textes et de sons a priori disparates et souvent récupérés, voire pillés sans vergogne.
Mais là où ce paradigme a souvent engendré une esthétique de la profusion ou du débordement, l’artiste aboutit au contraire à une esthétique de la synthèse qui le situe moins dans la lignée du surréalisme ou des mouvements néo-dada que dans celle de dada (Arthur Cravan et Picabia) ou de Fluxus, dont il partage autant la concision formelle que l’irrévérence et le refus de distinguer l’art de la vie quotidienne.

Le plus souvent, l’artiste confronte peu d’éléments au sein d’une même pièce, mais cette économie ouvre le champ des associations et ramifie les propos. L’effet d’instantanéité ou d’urgence, au cœur même du procédé de l’assemblage, est aussi produit par la simplification, la mise en tension, voire la pauvreté, des formes finales, qui dévoilent tout de la technique low-tech employée (moulage en béton, caméra d’un téléphone portable ou de l’ordinateur par exemple), mais qui également «connectent» en direct le spectateur sur la banalité quotidienne des gestes ou scènes filmés, la réalité corporelle du performer ou celle, matérielle, des objets en question.

Le corpus présenté au CAP de Saint-Fons est un travail in progress, un de ces travaux au long cours qui explore en tous sens les ramifications d’un univers, en l’occurrence celui de ces rituels où la danse des corps traversés par la musique relève plus de la gesticulation, de la transe, voire d’une affection psychomotrice, que d’une chorégraphie dûment composée. Qu’il s’agisse du ballet romantique Gisèle ou les willis, de la musique techno, des pow-wows amérindiens ou des danses tribales africaines, tous présents en filigrane, le corps est saisi, habité par le son, s’oublie ou s’absente du monde réel pour se connecter à un autre, avec ou sans psychotropes.

Enfant de la techno et de l’électro, l’artiste un peu derviche tourne autour de son sujet, en effleure la sensualité puis procède par dérivation, dans tous les sens du terme: celui, technique, qui consiste à multiplier ramifications et itinéraires à partir d’un branchement donné; celui, situationniste bien sûr, d’une dérive qui, par libre association, permet le passage d’une histoire, d’un lieu ou d’un objet à un autre; et enfin, celui, plus poétique, de la citation, du «d’après» qui sait aussi bien rendre hommage aux figures tutélaires et aux compagnons de route qu’en détourner les réalisations.

Si l’objet d’art est, selon Georges Bataille, de l’ordre du don et généré par un surplus de la production humaine, la musique et la danse en relèvent aussi: l’artiste souligne la gratuité dépensière de ces rituels physiques par le recours à des motifs d’apparat (arabesques de papiers peints ou de tissus fleuris, motifs décoratifs répétitifs), tout à la fois prolongement graphique des dérèglements du corps et fond de scène de leur apparition.
Frénésie du mouvement et motifs ornementaux s’entrelacent dans une «gestuelle chorale» qui entreprend alors de tester les limites de l’espace, sa résistance.

AUTRES EVENEMENTS ART