Épisode XI

L’exposition « Épisode XI » à la galerie parisienne Éric Dupont présente des œuvres de Didier Mencoboni. Un ensemble composé d’une installation, de peintures et de dessins où la couleur joue le premier rôle.

Une expérience conditionnée par la couleur

Intitulée Au bord, l’installation centrale de l’exposition associe du papier, des sphères en polystyrène, des miroirs, des dessins à l’encre de Chine et des pans de soie. Des feuilles de papier fluorescent teinté de rouge recouvrent par dizaines le sol de la galerie et deviennent ainsi le support des autres éléments de l’œuvre. Le parcours engage à fouler ces feuilles : pénétrer dans l’exposition, c’est entamer une expérience conditionnée par la couleur.

La couleur est l’objet principal de l’exposition : elle y est surface, volume, mouvement. Des feuilles de papier émane une lumière colorée que des miroirs renvoient sur les murs, les objets et les visiteurs, jusqu’à en faire la présence la plus tangible, qui envahit tout l’espace. La surface des feuilles de papier devient volume par un jeu de miroirs et les œuvres et corps sur lesquels elle est renvoyée la mettent en mouvement. Les différents composants de l’installation sont comme posés dans la couleur.

La couleur est pour Didier Mencoboni une matière que l’on sculpte

Des sphères de polystyrène ponctuent la surface fluorescente dont elles adoptent la couleur jusqu’à se confondre avec elle ou au contraire arborent un vert vif qui tranche franchement avec le rouge orangé ambiant. De volumes variés, elles s’élèvent plus ou moins de la surface : ici posées sur de courts supports, là suspendue dans l’air. Tracés à l’encre de Chine, deux larges dessins insèrent leurs motifs abstraits dans la couleur du sol, tels deux îlots parfaitement délimités.

Investissant la hauteur, des morceaux de soie arborant chacune une teinte différente dans les tons de rouge et d’orangé, recouvrent des sphères suspendues. Elles évoquent de vagues silhouettes, déploient la couleur dans l’espace et se meuvent au moindre déplacement d’air. Ainsi se travaille la couleur dans l’œuvre de Didier Mencoboni : telle une matière que l’on sculpte.

Des galets à moitié peints jouxtent la surface colorée. Ramassés depuis les années 1980 lors de promenades en bord de mer, ces morceaux de granit symbolisent une gravité. Ils forment un contrepoids au foyer irradiant de couleur orangée que rien ne semble pouvoir empêcher de s’élever, et qui quitte la surface pour atteindre le volume et la légèreté aérienne. Peints en bleu, les galets équilibrent l’ensemble.