Marina Abramovic, Isabelle Arthuis, Attila Csörgö, Cécile Bart, Juliana Borinski, Hubert Duprat, Cédrick Eymenier, Simon Hantaï, Oleg Tcherny, Kees Visser
Entre le cristal et la fumée (part II)
L’exposition «Entre le cristal et la fumée (Part I & II)» est une exposition programmatique, ou du moins emblématique des choix et d’un certaine conception de l’oeuvre d’art que la galerie Poggi & Bertoux associés défend depuis son ouverture il y a deux ans maintenant. Après un premier volet en mars dernier réunissant huit artistes internationaux dont les oeuvres se situaient plus du côté de l’évanescence ou d’une certaine immatérialité, le second volet présente les travaux de dix nouveaux artistes qui oscillent entre ces deux états extrêmes de la matière que sont le cristal et la fumée, entre ordre et désordre, cause et effet, logique et hasard, forme et intention, entre opacité et transparence, apparition et disparition.
Entre le cristal et la fumée… Se situant sur un spectre borné par les deux états extrêmes de la matière, du plus régulier et compact au plus dispersé et aléatoire, Henri Atlan écrivait en 1978 un essai historique pour étudier l’ordre des choses, et au-delà , pour décrypter l’organisation de notre société voire de notre pensée et de notre spiritualité. Crystal & Cloud est aussi le titre d’une oeuvre que l’artiste américain Carl André a réalisée en 1995 en mémoire au marchand d’art Konrad Fischer qui venait de disparaître. D’un côté un cube constitué de 144 dés en acier, de l’autre le même nombre d’éléments dispersés au sol de façon aléatoire. Entre le cristal et la fumée…
«Entre l’être et le néant» ajouteraient certains, entre «le hasard et la nécessité» hésiteraient d’autres…. Partant librement de ces références, l’exposition cherche à situer l’oeuvre d’art et le processus artistique sur une échelle matérielle comprise entre deux extrêmes. C’est l’état sensible de l’oeuvre d’art, le processus de son apparition mais aussi de sa perception que l’exposition aborde d’un point de vue physique et conceptuel, mettant en balance les principes de cristallisation d’un côté et de sublimation de l’autre.
Car si l’art peut être perçu comme une forme de sublimation du monde qui nous entoure, il est aussi «le besoin de cristallisation de l’être humain» comme l’écrivait le peintre norvégien Edvard Munch qui recourt souvent à ce concept dans ses notes.