Communiqué de presse
Gilles Balmet
Enjoy the silence
Pour sa première exposition à la galerie Dominique Fiat, Gilles Balmet propose un ensemble d’oeuvres sur toile, sur papier, de vidéos et de sculptures. La série de peintures « Untitled » (Rorschach) résulte de la rencontre du dripping et du test de Rorschach. Des coulures de peinture d’inspiration expressionniste sont travaillées symétriquement par pliage de la toile en accordéon. Un ordre s’immisce dans le chaos des lignes. Les figures ambiguës de ces totems se prêtent à toutes les interprétations.
La vidéo « Enjoy the silence » reprend les mêmes motifs qui défilent cette fois-ci comme un paysage survolé. Leur écho est transposé dans la vidéo « Toothpicks » qui, sur un mode similaire, dessine des figures aléatoires. Plus loin, la série « Winterdreams » initiée en 2004 offre, dans la même opposition binaire du noir et du blanc, la vision de champs de neige où se dressent, épars, de longs troncs calcinés. Si l’on veut s’éloigner de la lecture figurative, alors la toile redevient surface, le paysage se délite et la peinture semble noircir la toile vierge en larges coulées raclées à sa surface.
La série « Untitled » (Flowers), plus nuancée, acquiert par contraste une qualité photographique. Des fleurs peintes au pochoir glissent comme des ombres à la surface de la toile. L’aspect décoratif est ici contrebalancé par l’aspect frustre de la facture, de même que, dans les Untitled (Rorschach), la symétrie est plutôt celle, contrariée, de l’art africain que celle, parfaite et rassurante, de la tradition classique. La grande toile Untitled (White stars) déploie, elle, l’image d’un grand ciel nocturne.
Ce sont peut-être les multiples dimensions de l’Espace que l’on retrouve dans la série de sculptures d’argile « Fingerprints ». Dans ces formes, il s’agit moins du plein de la sculpture que du traitement en creux de sa surface.
La vidéo « Totally Fucked up » surprend au premier abord: passage du noir et blanc à la couleur, de l’abstraction à une figuration identifiable et chargée de sens. Pourtant, malgré ce glissement perceptible, les mêmes enjeux sont rejoués. Une vidéo pornographique, volontairement buggée, offre le spectacle hypnotique d’une interpénétration des corps, comme si leur numérisation accomplissait un polymorphisme latent. La copulation devient principe formel et contamine la série « Untitled » (Rorschach) dont toutes les symétries deviennent, comme en filigrane, l’écho de celle, originelle, de notre propre corps.
critique
Enjoy the silence