Brian Calvin
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Au moment où la lassitude des médias sociaux va peut être enfin tempérer l’exubérant narcissisme du status updates qui a duré presque une décennie, le nouveau travail de Brian Calvin cristallise ce malaise d’une population très à l’écoute d’elle-même.
Ses peintures astucieuses et lumineuses — enduites de couleurs Day-Glo comme des photos surexposées — illustrent une jeunesse «hyperexposée», branchée et décontractée en caricaturant pour un observateur invisible, leur visage aplati (visuellement et au sens figuré) évoquant l’ennui stylisé des visages étirés de Modigliani.
Emotionnellement distants et d’un cool insaisissable, les personnages de Brian Calvin communiquent la banalité de la culture selfie; et comme ceux-ci, ils s’échappent de toute trame narrative. Artiste d’origine californienne, Brian Calvin est parfois comparé à David Hockney, dont les couleurs et les œuvres évoquent de façon menaçante la vie facile des zones pavillonnaires blanchies par le soleil. Il est aussi souvent comparé au newyorkais Alex Katz dont les peintures graphiques et plates sont visuellement similaires à celles de Brian Calvin, bien qu’elles évoquent des trames narratives plus complexes.
Brian Calvin a une approche plus existentielle du portrait, traitant du visage et du corps humain comme d’un paysage. Dans ses nouvelles peintures, il a à la fois restreint et étendu son sujet. Tandis que ses œuvres antérieures dressaient le portrait de la bizarrerie des relations fortuites entre les gens, ces scènes concises dépeignent une épidémie d’égocentrisme: le recours à l’objectivité des gros plans magnifie probablement les visages et permet aussi de ne pas dévoiler l’âme des personnages.