Communiqué de presse
Sergey Shestakov
En marche vers le futur, premier arrêt Tchernobyl
S’il n’y avait eu Fukushima, qui en France se serait rappelé les 25 ans de Tchernobyl? Quelques sujets rapides dans les médias évoquant les habituels manifestants antinucléaires, rappelant avec fierté le projet Bouygues du nouveau sarcophage ou montrant cette nouvelle forme de tourisme extrême qui vous fait découvrir la zone interdite entourant le réacteur.
En Ukraine et en Russie, les acteurs de cette catastrophe, liquidateurs et habitants de la zone contaminée ont été les oubliés de l’histoire. Avec l’URSS disparue, le cauchemar devait passer aux oubliettes. Les morts ne seront jamais comptabilisés, la souffrance et la maladie se dissolvent dans le malaise de la destruction de l’ancienne societé communiste, dans la crise économique et gros avantage, la radioactivité, ca ne se voit pas. Mais même étouffé le souvenir tragique reste dans toutes les mémoires.
Les villages de la zone interdite, de Pripiat, la ville fantôme, sont là pour témoigner. Immenses avenues vides et reprises progressivement par la nature, immeubles dévastés. Les habitants de Pripiat eurent à peine deux jours pour quitter leur ville, ils n’emportèrent pas toutes leurs affaires, mais aujourd’hui tous ces bâtiments sont dépouillés, les pilleurs sont passés, ont récupéré tout ce qui pouvait se revendre. Seuls quelques bâtiments collectifs, écoles, hôpitaux laissent un témoignage d’un départ en panique.
Pénétrer dans l’enceinte interdite de Pripiat c’est entrer dans un monde en décomposition, celui de l’époque communiste, un désordre d’objets et papiers qui voudraient témoigner d’une civilisation si proche et pourtant disparue, une étrange impression de faire de l’archéologie. On y voit bien sur la trace des pilleurs, mais aussi celle des journalistes, photographes ou touristes qui de toute évidence n’ont pu résister à la mise en scène du «lieu du crime»: un livre ouvert à la bonne page, une poupée bien installée au milieu de masques à gaz.
Sergey Shestakov est parti à Pripiat en octobre dernier entamer un projet photographique qui lui tient à coeur depuis longtemps, celui que ses amis surnomment «Stalker» depuis le film de Tarkovsky, travaille sur les lieux dévastés et Tchernobyl est le premier et incontournable arrêt de ce voyage qu’il pense être celui de notre futur. Tchernobyl, le véritable point d’inflexion de l’histoire de l’URSS, celui qui en révélant les dysfonctionnements du plus grand empire du XXe siècle rendit inévitable un changement de société. Qui Fukushima fera-t-il tomber?
Vernissage
Jeudi 28 avril. 19h.